Le lesbianisme : continuum féminin ou marronnage? Réfléxions féministes pour une théorisation de l’expérience lesbienne

Résumé

Après avoir présenté brièvement les origines et les objectifs de ma recherche sur l'expérience lesbienne à Montréal durant les années 1950 et 1960, j'expose les réflexions théoriques qui façonnent mes interrogations sur cette expérience passée. Partant d'un double postulat, constructionniste et féministe, j'examine successivement des écrits féministes qui définissent le lesbianisme comme une non-conformité au rôle sexuel, les analyses constructionnistes qui l'appréhendent comme un phénomène culturel, la thèse d'Adrienne Rich qui place le lesbianisme dans un continuum de résistance à l'institution hétérosexuelle patriarcale et enfin la perspective féministe matérialiste qui permet de l'inscrire dans les rapports sociaux de sexe. Je clos cet article par une interrogation sur la difficulté de retracer l'existence lesbienne dans d'autres contextes historiques sans verser dans l'ethnocentrisme.

Abstract

In this article, the author presents briefly the origins and the goals of her research about lesbian life in Montreal during the 50's and 60's. Then she details the theoretical thinking which guided her questioning of this past experience. Based on a double postulate, constructionnist and feminist, she examines successively some feminist writings which define lesbianism as a gender nonconformity; the constructionnist perspective which apprehends it as a cultural phenomena; Adrienne Rich's thesis which places it in a continuum of resistance to the patriarchal institution of heterosexuality; and finally the feminist materialist perspective which defines it as an escape from the appropriation of women by men. She concludes with some remarks on the difficulties of retracing lesbian existence in other historical periods without falling into ethnocentric biases.