Notes d'action

Points de vue d’une jeune féministe radicale brésilienne sur la mondialisation, le féminisme et la Marche mondiale des femmes[Notice]

  • Julia Di Giovanni

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  • Julia Di Giovanni
    Militante de la Marche mondiale des femmes (Brésil).

Ce texte a été traduit du portuguais par Marie-France J. L. Dépêche.

Les militantes féministes brésiliennes sont pleinement engagées dans l’action et les manifestations contre la mondialisation et elles participent activement aux activités et à la réflexion mises en place par la Marche mondiale des femmes en 2000. À titre de participante à cette mobilisation, j’ai rédigé le présent texte afin de faire connaître les positions des jeunes féministes brésiliennes, dont je suis, et pour marquer leur solidarité avec les féministes qui partagent ces positions. Après avoir présenté la vision des jeunes féministes quant au contexte de la mondialisation et à la place des femmes dans l’ordre mondial, je développerai brièvement la façon dont les femmes, et aussi les Brésiliennes, se sont engagées dans le mouvement altermondialiste. Cette implication se situe, quant aux jeunes féministes brésiliennes à l’intérieur d’une radicalisation du féminisme, ce que je tenterai de montrer. Enfin, le texte se termine par une très brève description de l’apport des féministes brésiliennnes à la Marche mondiale des femmes pour l’année 2005. La présentation du contexte de la mondialisation et des effets que ce nouvel ordre mondial a pu provoquer sur la condition des femmes est nécessaire pour comprendre le rôle que ces dernières assumeront dans la construction du mouvement altermondialiste et dans les manifestations organisées en particulier par la Marche mondiale des femmes. Lorsqu’on emploie l’expression « l’économie se mondialise », on donne l’illusion qu’il existe un mouvement de capitaux et de bénéfices dans toutes les directions. Or, cette illusion permet l’évocation d’un automatisme où les gens n’ont guère accès aux décisions, mais au contraire voguent à la dérive au milieu d’intérêts diffus alors qu’il semble difficile de reconnaître les sujets et les intérêts de classe qui s’opposent. La politique monétaire d’un pays peut réduire sa population à la misère, non pas parce que c’est l’intérêt d’un groupe de spéculateurs basé à la City de Londres, mais bien parce qu’il est important de maintenir les marchés le plus calme possible. Les fonds de pension administrés par les organismes représentant les travailleurs sont devenus une source sûre pour le capital. Les processus politiques employés par les États pour définir les contrats ne sont plus aussi évidents dans une économie mondialisée, devant le pouvoir des institutions politiques globales. De nos jours, les interventions du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, imposent des politiques et des modèles pour l’éducation, la santé, etc. La trajectoire du mouvement des femmes se trouve immergée dans ce contexte appelé « pensée unique » néo-libérale, qui a pour objet l’implantation de politiques publiques focalisées et l’adoption par l’État du discours de genre. Cela a pour conséquence de limiter les stratégies politiques féministes. En s’appuyant sur les conférences de l’Organisation des Nations Unies (ONU), sur ses rencontres préparatoires et sur celles qui ont suivi, ainsi que sur une exigence de politiques publiques et sur l’autonomisation des femmes sur le plan individuel, Nalu Faria et Miriam Nobre ont noté qu’il s’est établi, pendant cette période, un décalage à partir de ce mouvement vers une « politique de résultats » : « La principale stratégie a été de trouver des brèches et de  génériser  les espaces de pouvoir, tout en revendiquant une présence accrue des femmes et des instruments de planification, d’évaluation monitorée, comme par exemple les interminables check lists de genre » (Faria et Nobre 2003 : 635). Dans le monde entier, ces sociétés d’exclusion et d’oppression dans lesquelles vit la population bloquent très tôt toute possibilité pour les personnes de transformer leurs histoires de vie et les réalités collectives : dans ce contexte, même la révolte et les aspirations à la liberté des jeunes se trouvent vidées …

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