Comptes rendus

Geneviève Cogérino (dir.) Filles et garçons en EPS. Paris, Éditions Revue EPS, 2005, 303 p.[Notice]

  • Guylaine Demers

…plus d’informations

  • Guylaine Demers
    Université Laval

La problématique liée au genre et au sexe en éducation physique et sportive (EPS) n’est pas récente. Toutefois, le livre Filles et garçons en EPS constitue une synthèse intéressante du sujet et tente de faire le pont entre la recherche et la pratique. D’entrée de jeu, Geneviève Cogérino précise le public visé par son ouvrage, soit les formateurs et les formatrices, les enseignants et les enseignantes ainsi que les étudiantes et les étudiants passant les concours de recrutement en EPS. Du même souffle, elle exprime le souhait que ce livre puisse permettre aux enseignantes et aux enseignants d’EPS de trouver des informations susceptibles de provoquer une réflexion personnelle sur des aspects de leurs pratiques professionnelles quotidiennes liées au thème de la différence des sexes et du genre. Malheureusement, le fait d’avoir tablé sur un lectorat aussi diversifié nous laisse souvent sur notre appétit. D’ailleurs, Cogérino elle-même semble avoir ressenti ce malaise lorsqu’elle écrit ceci en introduction (p. 13) : Ces quelques lignes expriment exactement le sentiment que l’on ressent à la fin de la lecture de ce livre. Une question s’impose alors : pourquoi ne pas avoir opté pour un public cible plus homogène puisqu’on connaît d’emblée les critiques auxquelles on s’expose? L’ouvrage comprend trois parties qui peuvent être lues de manière indépendante. La première constitue une revue de la littérature sur le sexe et le genre en EPS. Cette recension des écrits s’appuie sur les travaux de recherche qui ont contribué à l’avancement des connaissances dans ce domaine (notamment ceux de Davisse, Flintoff, Fontayne, Messner, Rail, Scraton). Bien que Geneviève Cogérino se soit assurée de la présence d’auteures et d’auteurs canadiens, américains et anglais, je suis étonnée de constater la très faible représentation (voire l’absence) de textes issus de la sociologie du sport alors que ce champ d’étude regorge de spécialistes ayant étudié les différences filles-garçons en EPS. En dépit de cette remarque, notons que les lectrices et les lecteurs avides de connaissances plus approfondies apprécieront les nombreux encadrés intitulés « Pour en savoir plus » qui suggèrent d’autres lectures sur la plupart des sujets abordés. Tout en reconnaissant que la première partie possède certaines lacunes, je dois néanmoins reconnaître que sa lecture permet de bien comprendre ce qui distingue le genre et le sexe. Ainsi, l’auteure explique clairement la construction sociale des genres de même que l’asymétrie masculin/féminin qu’elle présente en parlant des hommes qui ont un sexe et des femmes qui sont un sexe. Après cette introduction plutôt générale, Geneviève Cogérino expose les travaux relatifs au sexe et au genre mais cette fois-ci en contexte scolaire. La majorité des thèmes liés à cette problématique y sont abordés : l’infiltration des valeurs masculines dans les programmes d’EPS, les comportements différenciés du personnel enseignant, les comportements des élèves dans les cours d’EPS et la mixité. Bien que cette recension rende justice à la recherche réalisée à ce jour sur le genre et le sexe en EPS, l’omission des travaux de Martel et Gagnon, qui sont des chefs de file sur les problématiques d’équité en EPS, me semble une lacune importante. La deuxième partie du livre peut être un peu plus difficile à comprendre pour les personnes qui ne sont pas familiarisées avec le système scolaire français puisque toutes les études rapportées y sont liées. Cécile Vigneron, qui signe le deuxième chapitre, présente une recension des écrits français sur les écarts de réussite en EPS entre filles et garçons. Cette section donne des pistes d’explication intéressantes comme la contribution possible de l’école à ces écarts. Ainsi, l’analyse de différentes variables favorise une compréhension approfondie et nuancée des éléments constituant …