Comptes rendus

Sylvia Bashevkin, Women, Power, Politics : The Hidden Story of Canada’s Unfinished Democracy. Don Mills, Oxford University Press, 2009, 136 p.[Notice]

  • Sarah Andrews

…plus d’informations

  • Sarah Andrews
    Université d’Ottawa

Sylvia Bashevkin est professeure de sciences politiques à l’Université de Toronto. Elle a mené de nombreuses recherches sur la représentation des femmes au Canada. La publication du livre Women, Power, Politics vient ajouter une nouvelle dimension à ces études. Cet ouvrage s’inscrit globalement dans les études sur la représentation des femmes en politique au Canada : plus particulièrement, l’auteure cherche à comprendre la perception des femmes dans des positions de pouvoir en politique et la manière dont cette perception influe sur la représentation des femmes en politique. L’idée principale qui guide l’étude de Sylvia Bashevkin n’est pas que le genre agit comme une barrière que les femmes doivent surmonter pour accéder au pouvoir : elle constate plutôt que la politique, particulièrement les élections, est un combat – « rough and tumble blood sport » (p. xi) – dans lequel des individus hautement qualifiés peuvent échouer pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leur capacité de servir le public. La question devient donc la suivante : pourquoi y a-t-il divergence entre les attentes à l’égard des femmes en politique et la réalité? Bashevkin explique qu’il y a généralement un inconfort avec l’idée des femmes au pouvoir. Elle l’exprime sous la forme d’une équation : « Women + Power = Discomfort » (les femmes + le pouvoir = l’inconfort). Selon Bashevkin, cette équation est liée, au Canada, aux idées de la défaite et de l’humiliation, et est à l’origine de la problématique qu’elle entend explorer, à savoir pourquoi les femmes ont de la difficulté en politique. Elle utilise donc chaque chapitre de son livre pour déconstruire et comprendre les éléments de l’équation. Dans le chapitre intitulé « Discomfort Zones », Bashevkin pose une question de base : d’où provient l’inconfort lorsqu’on associe les femmes et le pouvoir (p. 23)? Elle soulève cet aspect en rappelant que les mouvements féministes ont lutté au fil du dernier siècle pour améliorer la situation des femmes au Canada. Selon Bashevkin, il y a, dans ce cas, deux pistes à explorer. Tout d’abord, il existe une image négative engendrée par l’association entre les femmes et le leadership : les qualités généralement associées aux leaders s’agenceraient mal avec les qualités typiquement féminines (p. 43). De plus, on observe le « syndrome du perdant », une association entre les femmes qui jouent un rôle de leader et la défaite politique, liée au fait que, historiquement, celles-ci ont connu peu de succès électoraux. Pour démontrer son argument, l’auteure utilise l’exemple de l’élection tenue en 1993 quand le Parti progressiste-conservateur, mené par Kim Campbell, a vu sa majorité réduite à quelques sièges. La carrière politique de Campbell était finie. Par contre, le leader du Parti néo-démocrate de la Colombie-Britannique a connu une grande défaite lors des élections de 2001, en passant de 39 sièges à 2, mais cela n’a pas nui à sa carrière de la même façon que dans le cas de Campbell, puisqu’il a fait le saut en politique fédérale par la suite (p. 44-50). Les chapitres « Plus-perfect Figures » et « Vexatious Vixens » s’attaquent à la fascination qu’exercent la vie privée et l’apparence physique des femmes en politique. Plutôt que de se poser des questions sur leurs positions en politique publique, on s’attarde sur des détails tels que la tenue vestimentaire, l’âge et la façon de s’exprimer en public. Ainsi, on néglige complètement ce que les femmes peuvent amener comme contribution aux débats autour de la politique publique (p. 61). Bashevkin parcourt ainsi le traitement, surtout médiatique, des politiciennes telles que Kim Campbell, Belinda Stronach et Sheila Copps. Ces deux chapitres révèlent une …

Parties annexes