Comptes rendus

Annabelle Cone et Dawn Marley (dir.), The Francophone Women’s Magazine. Inside and Outside of France. La Nouvelle-Orléans, University Press of the South, 2010, 179 p.[Notice]

  • Caroline Caron

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  • Caroline Caron
    Université d’Ottawa

Le magazine féminin est un objet d’investigation scientifique depuis longtemps déprisé dans les écrits sociologiques et dans les études en communication; son statut a cependant été progressivement rehaussé au cours des trois dernières décennies grâce à la contribution majeure d’auteures appartenant au courant des feminist cultural studies telles que Janice Radway, Angela MacRobbie, Joke Hermes et Dawn Currie, pour ne nommer que quelques figures particulièrement marquantes (Caron 2003). Preuve du foisonnement du domaine, cette tradition de recherche britannique est décentrée dans cet ouvrage collectif dirigé par Dawn Marley (Université de Surrey, Royaume-Uni) et Annabelle Cone (Darmouth College, États-Unis). L’ouvrage a, en effet, pour caractéristique originale de se concentrer exclusivement sur le segment francophone de la presse féminine (adulte). Fait également inusité dans la documentation savante sur la presse féminine dominée par les écrits de langue anglaise, parmi les douze chapitres qui composent cet ouvrage collectif, cinq sont rédigés en français. Au total, ces douze textes issus de chercheuses et de chercheurs d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Afrique présentent des travaux sur la presse féminine de langue française algérienne, américaine, britannique, camerounaise, canadienne, française, québécoise, marocaine et suisse. La lecture de cet ouvrage collectif permet de constater que le magazine féminin de langue française est non seulement un objet d’investigation complexe, fascinant et instructif, mais qu’il est, de plus, emblématique de la transnationalisation des études féministes (Mohanty 2003; Olesen 2005). Constitué à partir d’une sélection de communications présentées lors d’une conférence internationale (portant le même titre que l’ouvrage) tenue en 2006 à l’Université de Surrey, en Angleterre, cet ouvrage collectif n’a cependant pas pour objet de dresser la cartographie complète des recherches sur le magazine féminin de langue française. Pour les lecteurs et les lectrices, l’ouvrage présente donc des avantages qui incombent à ses limites. Sans pouvoir être considéré comme une introduction exhaustive à l’ensemble du domaine (des pans importants de la recherche sont nécessairement ignorés et certaines approches sont surreprésentées), l’ouvrage mérite cependant véritablement d’être consulté et lu pour en prendre le pouls. Cette lecture pourrait même s’avérer fructueuse au moment du démarrage d’une recherche bibliographique compte tenu du panorama hétéroclite que procure à elle seule la somme des références bibliographiques contenues dans l’ouvrage. Les douze chapitres rassemblés dans cet ouvrage sont répartis en trois parties thématiques. La première, qui compte cinq textes, adopte une perspective historique et traite principalement de l’origine et du développement de la presse féminine de langue française en France, au Canada et en Suisse depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. La deuxième partie, qui regroupe trois textes, traite précisément de la presse féminine en Afrique à travers des cas recensés en Algérie, au Maroc et au Cameroun. La troisième et dernière partie présente quatre textes analysant les représentations contemporaines des femmes dans des magazines fort connus à grand tirage tels que Châtelaine, Elle et Marie Claire, dont la mondialisation a favorisé l’expansion économique et la production de versions multilingues depuis le dernier quart du XXe siècle. Ces trois parties thématiques renvoient en fait à quelques tendances prédominantes au sein de la recherche sur la presse féminine. Sur le plan des approches théoriques et méthodologiques, la recherche historique et les approches textuelles demeurent omniprésentes, tandis que, sur le plan analytique, la question de la représentation symbolique des femmes (les représentations de la féminité) s’avère toujours prépondérante. Je l’ai noté ailleurs, si importantes qu’elles soient pour l’avancement des connaissances, ces traditionnelles orientations ont pour effet de masquer ou de marginaliser d’autres aspects de l’objet investigué ainsi que d’autres approches qui se révèlent pourtant tout aussi fécondes. L’analyse des images, par exemple, …

Parties annexes