Comptes rendus

Berit von der Lippe et Rune Ottosen (dir.), Gendering War and Peace Reporting. Some Insights – Some Missing Links, Oslo, Nordicom/University of Gothenburg, 2016, 278 p.[Notice]

  • Eugénie R. Aw

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  • Eugénie R. Aw
    Université Cheikh Anta Diop de Dakar

L’ouvrage sous la direction de Berit von der Lippe et Rune Ottosen est le résultat d’une conférence qui s’est tenue en octobre 2015 au Collège universitaire Oslo et Akershus sur le thème « Reportage : genre, guerre et conflit ». Les récits, tels qu’ils sont rapportés de l’histoire, de la guerre, de la défaite, du printemps de la victoire et de la gloire, des mémoires, des ambitions, de l’humiliation et des espoirs masculinisés, nous parviennent racontés essentiellement rapportés d’un discours provenant d’hommes en position de pouvoir et de reporters masculins. Les temps ont changé parce que, entre autres choses, la présence de femmes à titre de journalistes et de reporters de guerre est devenue importante. Est-ce en raison de perspectives différentes? Les reportages de guerre sont des histoires de vie et de mort. Les questions de genre comptent autant en situation de guerre et de conflit que dans la vie réelle. Le problème qui perdure est celui d’une perspective « genre », de lunettes « genre », encore marginalisées, dans les reportages de guerre. La question du journalisme de paix, si elle a posé la problématique des contenus sur la paix et la sécurité en mettant l’accent sur les causes profondes des conflits et sur les solutions plutôt que sur les antagonismes, est-elle porteuse de cette possible intégration de genre? Quel est donc le lien, le chaînon manquant? C’est l’objet de la présente publication articulée autour de quatre grandes problématiques : Le texte intitulé « Guerre aux corps ou corps en guerre : les dangers encourus par les reporters de guerre femmes » et présenté par Linda Steiner offre une analyse historique où, à travers certains témoignages, ceux des correspondantes de la Seconde Guerre mondiale ou encore de la guerre du Vietnam, par exemple, elle montre comment ces dernières devaient faire face à la discrimination et à l’hostilité, et donc devaient prouver encore plus leurs compétences. L’accent sera mis sur leur sexe, leur sexualité et non sur leurs réalisations et aucun reportage ne dira la violence subie par ces femmes qui sont reporters. L’auteure mentionne aussi les nouveaux dangers au xxie siècle, celui des revendications citoyennes et des foules en colère où, dans un intégrisme grandissant, une journaliste exprime le sentiment d’être « de la viande fraîche face aux lions » (p. 39). Sarah Macharia plaide pour un professionnalisme journalistique sensible au genre dans son texte qui a pour titre « Récits intégrant le genre : sur paix, sécurité et redevabilité des médias envers les femmes ». Elle axe son propos sur trois préoccupations : le droit des femmes à la liberté d’expression, une déontologie sensible au genre et un journalisme de paix sensible au genre. La méthode de Macharia est calquée sur le monitorage des médias réalisé par la World Association for Christian Communication (WACC) depuis 1995. Sur une période de 3 jours en avril 2015, les contenus de 83 publications sur les questions de paix et de sécurité, soit 876 articles, sont examinés. Le résultat démontre qu’une représentation injuste et erronée des femmes ne fait que légitimer une culture d’inégalité et d’injustice. L’alternative, à savoir construire un contre-discours, qui renforce les groupes victimes de subordination, a peu de chances de succès dans une culture d’informations dominée par la masculinité. Pour Macharia, le sexe de la personne qui agit comme reporter fait une différence en matière de contenus intégrant ou non le genre. Les femmes comme sujets ou sources de nouvelles seraient plus présentes dans un reportage fait par des femmes qui sont journalistes. Ce qui est rarement le cas dans les couvertures journalistiques faites par des hommes. …

Parties annexes