Résumés
Résumé
Engagées sous l’égide laïque et démocratique, les principales réformes du Droit matrimonial occidental contemporain, qui visent à l’universalisation des principes de liberté, d’égalité et de réalisation de soi dans le domaine de la famille, ne sont pas l’expression privilégiée et exclusive d’un XXe siècle à l’avant-garde ou à la dérive. Elles s’inscrivent d’abord, quant à leurs origines intellectuelles, dans un processus général de laïcisation de la pensée et de la société politique occidentale. Celui-ci s’amorce dès le XIVe siècle de façon convergente dans la Scolastique tardive, dans la doctrine jusnaturaliste et dans la canonistique moderne avec l’affirmation de la compétence exclusive du pouvoir civil en matière matrimoniale, la dissociation dans le mariage du contrat et du sacrement, enfin la spiritualisation du pouvoir de l’Église et la cléricalisation de la sacramentalité du mariage. Mais les réformes contemporaines du Droit du mariage s’enracinent plus immédiatement, quant à leurs caractéristiques institutionnelles et axiologiques, dans la doctrine rationaliste du Droit naturel du Siècle des Lumières et dans les nombreux projets de la Révolution française, « matrice du Droit occidental moderne », qui en inspirent, non seulement le contractualisme, l’égalitarisme et l’eudémonisme foncier, mais en déterminent encore l’irréversible affranchissement par rapport à l’ordre biologique.
Abstract
The major reforms of contemporary western matrimonial law, initiated under the aegis of secularism and democracy, and extending the principles of liberty, equality and self-fulfilment to the realm of the family, are neither paradigmatic of, nor exclusive to, twentieth century thought (whether the latter be praised as progressive or decried as aimless). The intellectual foundations of the reform are grounded in a general process of secularisation of western thought and western political society. This secularisation started at the 14th century at the convergency of the later scholastic philosophy, natural law doctrine and modern canon law, with the affirmation of exclusive jurisdiction over marriage by the civil authorities, with the dissociation between the contractual and sacramental aspects of marriage, and finally, with the spiritualisation of the Church’s power and the assumption of control, by clerics, over the marriage rites. The institutional and axiological characteristics of contemporary reforms of matrimonial law are, however, more immediately grounded in the rationalism of the Natural Law of the Enlightment, and in the numerous legislative drafts considered during the French Revolution, the “matrix of modern western law”. This source inspired not only marriage law’s fundamental characteristics of contractualism, egalitarianism, and eudemonism, but its emancipation from the constraints of the biological order.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger