Résumés
Abstract
This microeconomic study of strike activity adds to an already tested empirical strike model, variables that are related to foreign-owned firms in Canada. AU results converge to the same and unique conclusion: foreign-owned firms in Canada show a lower strike propensity, everything else being constant. Such a result suggests that multinational firms may well develop bargaining "protocoles" that overcompensate problems of credibility and information expected to be associated with foreign-owned property.
Résumé
Il existe plusieurs études sur l'activité de grève au Canada. La plupart d'entre elles tentent d'expliquer l'évolution temporelle et les disparités interindustrielles dans l'activité de grève. À venir jusqu'à tout récemment (Ng and Maki 1988), aucune n'avait pris en considération l'impact possible du contrôle étranger sur l'importance de l'activité de grève au Canada. Or, il faut se rappeler que le Canada est toujours un
cas unique à cet égard parmi les pays industrialisés. En effet, dans ce pays, quelque 54 % des actifs des compagnies privées des secteurs primaire et secondaire sont propriétés étrangères. Il est alors tout à fait pertinent de se demander si cette caractéristique particulière de l'économie n'expliquerait pas partiellement une autre de ses caractéristiques, à savoir une activité de grève très élevée selon les standards internationaux.
Ng et Maki (1988) ont étudié empiriquement la relation possible entre le contrôle étranger et l'activité de grève au Canada pour en conclure que les filiales canadiennes de compagnies ne semblaient pas avoir des taux de grève plus élevés que les compagnies canadiennes. Toutefois, les auteurs soulignent qu'il faudrait une étude faite à l'aide de microdonnées pour pouvoir répondre avec davantage de précision à la question de savoir si le contrôle étranger affecte l'activité de grève.
Nous avions à notre disposition de telles microdonnées pour la période 1969-1982 et c'est pourquoi nous avons décidé de réexaminer l'incidence possible du contrôle étranger sur l'activité de grève au Canada. Pour ce faire, nous avons utilisé un modèle empirique de grève déjà éprouvé et diffusé dans la communauté scientifique (Cousineau et Lacroix 1986) et qui repose sur l'approche théorique et Siebert et Addison (1981) qui veut que les grèves soient des accidents se produisant dans le cours des négociations. Ces accidents sont évidemment plus probables lorsque la qualité de l'information disponible aux parties se détériore. C'est le cas, par exemple, dans des périodes de perturbations économiques majeures où la valeur prospective d'indicateurs tels l'inflation, le chômage, la production, devient très faible. Dès lors, des interprétations divergentes des mêmes indicateurs peuvent entraîner des erreurs d'évaluation des rapports de force en présence, cause première des grèves.
Nous avons analysé, à l'aide de cette approche, la question du contrôle étranger et son incidence possible sur l'activité de grève. Nous avons alors réalisé qu'un grand nombre de facteurs ayant des effets opposés jouaient sur la relation possible entre le contrôle étranger et l'activité de grève. Tant et si bien qu'aucune attente précise ne pouvait logiquement être inférée quant au sens de la relation. La question devenait donc une question empirique.
Nous avons intégré alternativement deux variables d'approximation du contrôle étranger dans une équation générale de grève, prenant en compte un ensemble d'autres facteurs pouvant expliquer l'activité de grève. La première variable (FOREG 1), prenait la valeur 1 si 50 °/o ou plus des droits de vote de la compagnie où la convention collective avait été signée étaient détenus à l'étranger et la valeur 0 s'il en était autrement. L'autre variable (FOREG 2), était plus restrictive puisqu'elle prenait la valeur 1 si 90 % et plus des droits de vote étaient détenus à l'étranger. Les résultats que nous avons obtenus pour ces deux variables sont les suivants. La variable FOREG 1 a un coefficient estimé négatif et statistiquement significatif au niveau de 0,10. Ce résultat nous dit que, toutes autres choses étant égales par ailleurs, la détention étrangère diminue la probabilité de grève de cinq points de pourcentage. En utilisant FOREG 2, nous avons trouvé une augmentation de la valeur du coefficient estimé qui devient significatif au niveau de 0,05. En fait, dans ce cas, la détention étrangère diminue la probabilité de grève de quelque sept points de pourcentage.
En somme, tous les résultats que nous avons obtenus pointent dans la même direction. Au Canada, il semble que le contrôle étranger a un effet négatif sur l'activité de grève. Ces résultats vont à l'encontre d'une opinion généralement acceptée mais sont tout à fait compatibles avec les conclusions que l'on peut tirer d'un modèle informationnel de grève.
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