RecensionsBook Reviews

The Rise and Development of Collective Labour Law sous la direction de Marcel van der Linden et Richard Price, Berne : Peter Lang, 2000, 458 p., ISBN 3-906760-36-7.[Notice]

  • Pierre Verge

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  • Pierre Verge
    Université Laval

Nécessité de relier l’émergence et le développement des droits nationaux régissant les rapports collectifs du travail à l’évolution de leur contexte social, volonté de dépasser en cela l’espace anglo-américain, telles apparaissent les principales visées des initiateurs de cet ouvrage collectif rattaché aux travaux de l’International Institute of Social History d’Amsterdam. À ces fins, Marcel van der Linden, chercheur principal rattaché à cet organisme et Richard Price, professeur d’histoire à l’Université du Maryland, ont fait appel à treize auteurs, historiens, juristes, sociologues ou économistes du travail selon le cas. Il en résulte une juxtaposition de onze monographies nationales et de deux textes de synthèse, l’un de teneur plutôt sociologique (Anthony Woodiwiss), l’autre à dominante juridique (Bob Hepple). L’approche diffère ainsi notamment de celle d’une contribution majeure, mais antérieure, à l’histoire du développement du droit du travail : The Making of Labour Law in Europe (B. Hepple, dir., London : Mansell Publishing, 1986). Dans ce dernier ouvrage collectif, dirigé, soit dit en passant, par l’auteur de la synthèse à dominance juridique du présent ouvrage, le professeur Hepple, chacun des auteurs était lui-même appelé à faire la synthèse d’un aspect particulier du développement du droit du travail dans différents pays européens. Les études nationales successivement présentées sont relatives aux pays suivants : Argentine (Jeremy Adelman), Australie (Raymond Markey), Brésil (Micheal M. Hall), Canada (Dale Gibson), France (Norbert Olszak), Hong Kong (Anthony Woodiwiss), Japon (Sheldon Garon), Suède, (Suzanne Fransson), Taiwan (G.S. Shieh), Royaume-Uni (Gerry R. Rubin), États-Unis (Katherine Van Wezel Stone). Des absents de marque, peut-on observer, dont certainement l’Allemagne, ou encore l’Italie, pour ce qui est de pays européens, l’Uruguay, compte tenu de la place qu’y occupe l’autonomie collective, dans le cas de l’Amérique latine. Les directeurs de l’ouvrage font d’ailleurs bien candidement état de difficultés de recrutement éprouvées. Inégalité également, de l’importance des systèmes envisagés ; mais elle permettra d’exposer la différenciation des droits asiatiques en cause à partir de leur histoire socio-politique propre. Remarquons, toujours pour ce qui est du cadre général, que le spectre chronologique des études n’est pas uniforme. Ainsi, celle relative à l’Australie se centre sur l’émergence du régime arbitral et s’arrête en 1914, tandis que plusieurs autres études, notamment celles portant sur la France, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, la Suède et le Canada, prolongent leur regard sur les tensions contemporaines qu’éprouve leur régime respectif. Enfin, certaines études, soit celles relatives au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni, envisagent plus globalement le développement du droit du travail national et ne se confinent pas à l’ordre des rapports collectifs. Résumer chacune de ces présentations nationales détaillées serait vain ; les unes et les autres fourmillent de considérations et de faits particuliers : le rôle des ministères du travail avant et sous le péronisme en Argentine, l’appui du parti travailliste au système d’arbitrage obligatoire en Australie, l’emprise corporatiste du régime Vargas sur la vie syndicale au Brésil, l’effet de l’adoption de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982, les compromis historiques des acteurs sociaux suédois de 1906 et de 1938, etc. À leur lecture, un questionnement transversal classique vient à l’esprit : la place relative de l’action étatique, qu’elle soit législative ou gouvernementale, et celle de l’autonomie collective. On va ainsi de l’entente collective qui devient loi ou qui, plus tard, met en oeuvre les directives européennes en Suède à une histoire d’autoritarisme du Brésil… Plusieurs passages de cet ouvrage collectif, bâti sur autant d’histoires sociales nationales, convergent dans la remise en cause de toute tentative de découper mécaniquement ces divers cheminements historiques selon le schéma anglo-américain fait de phases successives de répression, de tolérance, de …