RecensionsBook Reviews

La santé au travail des femmes occupant des emplois atypiques / Occupational Health of Women in Non-Standard Employment par Isik Urla Zeytinoglu, Josefina Moruz, M. Bianca Seaton et Waheeda Lillevik, Ottawa : Condition féminine Canada, 2003, 62 p. avec annexes, ISBN 0-662-88286-5.[Notice]

  • Karen Messing

…plus d’informations

  • Karen Messing
    Université du Québec à Montréal

Ce rapport de recherche comporte trois éléments : une revue de la littérature et des législations qui touchent le travail atypique en Ontario ; une analyse qualitative d’entrevues avec des travailleuses et travailleurs du commerce de détail en Ontario ; des recommandations. Son objectif est de regarder le lien entre ce type de travail et le stress professionnel des travailleuses. Il fait partie d’une série de rapports subventionnés par Condition féminine Canada, qui cherche à se faire conseiller en matière de politiques publiques. Dans son intention et son style, il s’agit moins d’un rapport scientifique qu’un soutien aux recommandations. La revue de la littérature est assez sommaire et ne prétend pas couvrir le domaine du travail atypique. D’ailleurs, la définition du travail atypique qui est donné (« travail à temps partiel et travail occasionnel ou temporaire », p. v) et la discussion qui s’ensuit fusionnent et entremêlent plusieurs éléments qui mériteraient d’être bien séparés. La notion du travail atypique tel qu’utilisée inclut des questions de temps travaillé (temps partiel/plein), d’horaire (variabilité, quarts de soir et de nuit), de durée et de sécurité de lien d’emploi (temporaire, de durée limitée), et de prévisibilité du travail (occasionnel, sur appel). Par contre, pour un travailleur ou une travailleuse, un emploi régulier du lundi au vendredi de 9h à 13h ne représente pas la même réalité économique, familiale, psychologique et physique qu’un emploi à plein temps à horaire variable et imprévisible dans le cadre d’un contrat à durée délimitée. Cette différence est reconnue par les auteures mais n’est pas rendue visible dans la plupart de la discussion. Par contre les études scientifiques sur la question insistent sur la nécessité de considérer séparément les différentes formes de précarité (voir K. Lippel, « Face aux conséquences de la flexibilisation de l’emploi : les solutions juridiques et leurs limites », dans J. Bernier et al., L’incessante évolution des formes d’emploi et la redoutable stagnation des lois du travail, Québec : PUL, 2001, 45-53 et M. Quinlan, C. Mayhew et P. Bohle, « The global expansion of precarious employment, work disorganisation and occupational health : a review of recent research », International Journal of Health Services, 31 (2), 2001, 335-414) ; ceci est particulièrement nécessaire si on veut voir leurs impacts spécifiques selon le sexe. Enfin, les statistiques présentées sur la prévalence des types d’emploi sont bien moins intéressantes et utiles que celles présentées pour le Québec (Conseil du statut de la femme du Québec, Emploi atypique cherche normes équitables, Québec : CSF, 2000 et D. Matte, D. Baldino et R. Courchesne, « L’évolution de l’emploi atypique au Québec », Le Marché du travail, 19 (5), 1998, 5-72). Je n’ai pas la compétence pour évaluer la présentation du contexte juridique. Elle couvre surtout la loi ontarienne sur les normes d’emploi, avec des références à la loi ontarienne sur la santé et la sécurité et la loi fédérale touchant l’assurance-emploi. Plusieurs éléments de cette discussion sont difficiles à suivre pour une personne non experte. On fournit également une définition (p. v) et un modèle (p. 5) de stress professionnel. Le « stress » est défini par une liste de symptômes qui semble venir d’un questionnaire élaboré par les auteures. Or, il existe (comme le soulignent les auteures) une très grande littérature sur le stress professionnel qui n’est ni résumée ni prise en compte. Le modèle présenté sert surtout à situer les recommandations mais ne reflète pas l’état actuel de la recherche dans le domaine (études de Karasek, Theorell, Dejours, Siegkrist, Marmor, etc.). La recherche comme telle comprend des discussions avec huit responsables de la santé …