RecensionsBook Reviews

Collective Bargaining and the Social Construction of Employment sous la direction de Mateo Alaluf et Carlos Prieto, Bruxelles : European Trade Union Institute (ETUI), 2001, 213 p., ISBN 2-930143-86-X.[Notice]

  • Michèle Tallard

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  • Michèle Tallard
    IRIS-CNRS-
    Université Paris IX-Dauphine

Ce livre est issu d’un séminaire international intitulé « La négociation collective et la construction sociale de l’emploi » organisé le 29 octobre 1999 à Bruxelles par l’Institut européen des syndicats (ETUI) et le réseau « Travail, emploi, relations professionnelles et société ». Ce réseau s’est mis en place en 1997 pour encourager la coopération entre huit équipes de recherches provenant de six pays d’Europe (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Espagne et Belgique) spécialisées dans l’étude du marché du travail et des relations professionnelles. Ces chercheurs partagent l’hypothèse que la configuration de l’emploi et sa transformation sont une construction sociale qui est le résultat tout à la fois de la confrontation entre des rationalités différentes dans une même société et l’expression de luttes sociales et de conflits. Dans le contexte d’une société salariale tournée vers l’objectif du plein emploi, la classe ouvrière et ses institutions représentatives – les syndicats – sont devenus les principaux protagonistes de la société et ont contribué à une certaine standardisation des conditions d’emploi à travers l’Europe. Avec le développement de la crise économique et des politiques européennes de l’emploi, il est apparu nécessaire aux équipes réunies dans ce réseau d’étudier les changements des systèmes de relations professionnelles et les conditions dans lesquelles était questionnée la légitimité des syndicats. Précédés d’une introduction présentant les enjeux des évolutions en cours dans les processus de négociation collective et de construction sociale de l’emploi, les huit textes constitutifs de cet ouvrage décrivent des situations nationales contrastées dans six pays de l’Union européenne : France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Belgique notamment sur le plan du partage des rôles entre les pouvoirs publics et le système de relations professionnelles, sur celui de la décentralisation des négociations vers les entreprises ou encore des pactes sociaux. L’intérêt de cet ouvrage est de montrer que malgré des convergences certaines dans les transformations, de l’environnement économique, de la place du travail dans nos sociétés, des formes de régulation de la relation salariale et de la représentativité syndicale, les modes institutionnels spécifiques à chaque configuration nationale marquent les lignes que suivent ces mutations et que celles-ci sont également interrogées par l’émergence de l’espace social européen. Comme le rappelle le texte introductif où les auteurs dressent les grandes lignes de synthèse, dans nos sociétés, le travail est devenu l’élément principal de la citoyenneté et de l’utilité sociale ; avec le fordisme, la standardisation du travail salarié s’est exprimée sur trois dimensions, le temps, l’espace et les relations contractuelles. Ces trois aspects sont affectés par des changements concrétisés par la dérégulation, les nouvelles formes de gestion de main-d’oeuvre et la crise économique. Pris ensemble, ces changements ont généré la multiplication des espaces sociaux, l’individualisation des temps et l’individualisation des relations de travail. Ces changements appellent de nouvelles formes diversifiées de ré-institutionnalisation de la relation salariale dont ce livre a pour objectif d’examiner les possibilités d’émergence et d’effectivité. Ces formes paraissent s’inscrire dans les modèles de systèmes de relations professionnelles qu’avait dégagés J. Visser (Social Dialogue and Industrial Relations in Austria, Denmark, Ireland and the Netherlands, CEPR thematic reviews, Genève, BIT, 1999) (modèle latin avec une forte intervention de l’État ; modèle pluraliste où les procédures sont prédominantes ; modèle corporatiste où la négociation collective est encadrée par des pactes sociaux tripartites) même si on peut mettre en évidence des lignes de convergence diversifiées où les régulations procédurales tendent à remplacer les régulations de contenu et où se profile une décentralisation dont les contenus seront redéfinis dans la pratique. À la lecture de l’ensemble des textes, la flexibilisation du temps de travail paraît être l’enjeu principal des …