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Responsabilité sociale d’entreprise et finance responsable : quels enjeux ? sous la direction de Diane-Gabrielle Tremblay et David Rolland, Québec : Presses de l’Université du Québec, 2004, 225 p., ISBN 2-7605-1324-6.[Notice]

  • Samuel Mercier

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  • Samuel Mercier
    Université de Bourgogne

L’objectif de cet ouvrage est d’explorer les causes et conséquences de l’émergence des préoccupations relatives à la responsabilité sociale d’entreprise (RSE). Il réunit 13 contributions écrites ou coécrites par 18 auteurs. Les meilleurs spécialistes québécois de la RSE (Beaulieu, Gendron, M’Zali, Pasquero, Turcotte, et al.) ainsi qu’une auteure de référence aux États-Unis (Wood) ont uni leurs plumes pour contribuer à la réalisation de cet ouvrage collectif dirigé par Diane-Gabrielle Tremblay et David Rolland. Ce recueil formalise les discussions présentées en 2003 lors du colloque annuel de l’Association d’économie politique et permet de présenter un état des lieux récent de la RSE dans le contexte nord-américain. L’ouvrage se compose de trois grandes parties. La première, la plus théorique, se centre sur le sens des concepts de responsabilité sociale, de performance sociale et d’éthique. Dans un premier temps, la contribution d’Audebrand, Rolland et Tremblay fait le point utilement sur la notion de performance sociale et met en avant l’aspect multidimensionnel de ce construit. C’est justement cela qui pose un problème (non encore résolu) d’opérationnalisation. La conclusion permet de déplorer l’absence, à l’heure actuelle, d’une théorie (consensuelle) de la RSE. Puis, Machildon pointe une des questions centrales qui se pose pour la RSE : faut-il encadrer plus strictement les activités des entreprises en matière sociale ou laisser libre court à une autorégulation afin qu’elles intègrent d’elles-mêmes les externalités qu’elles engendrent ? Elle plaide pour la recherche, grâce à l’implication de toutes les parties prenantes, d’un délicat équilibre entre réglementation et laisser-faire. Enfin, Pasquero s’intéresse de façon ambitieuse à l’évolution de la RSE dans l’histoire du capitalisme. Il montre que ce concept évolutif s’est constitué par sédimentation. Chaque période ayant secrété ses propres exigences et s’appuyant sur les acquis des développements précédents. La RSE est alors appréhendée dans le cadre d’une conception institutionnaliste du rôle de l’entreprise. Le texte se termine par la formalisation d’une éthique de la responsabilité pour le gestionnaire. La deuxième partie traite plus précisément de l’émergence de la finance responsable. Elle débute curieusement (car ce chapitre aurait pu être inséré dans la première partie) par une contribution théorique de Wood portant sur la performance sociale des entreprises. Wood plaide pour le développement d’une théorie des parties prenantes permettant de fonder la performance sociale. Cette « grande idée » est fort bien étayée, en conclusion, par une citation puisée dans la Théorie des sentiments moraux d’Adam Smith. Médiatisation récente mais préoccupations anciennes… Gendron présente ensuite une typologie de la finance responsable et plaide pour une réaffirmation du rôle de l’État dans la régulation du secteur financier. Elle distingue, dans sa contribution, deux concepts trop souvent confondus (p. 80) : « le développement durable n’est pas un concept managérial et n’a jamais eu la prétention de l’être […] La question de la responsabilité sociale […] est issue du monde des affaires ». Le développement durable est vu, à juste titre, nous semble-t-il, comme un projet de société et non comme une stratégie managériale. Puis, Turcotte et M’Zali se référent à Habermas pour mettre en évidence l’émergence d’un espace de discussion autour de l’investissement responsable. Elles précisent toutefois que l’État garde tout son rôle dans la nouvelle régulation qui semble se mettre en place. De Serres montre les bienfaits du mouvement de la finance responsable « venant au secours » de la finance traditionnelle en l’obligeant à se réconcilier avec les principes fondamentaux de la création de valeur à long terme pour l’ensemble des parties prenantes. Il souligne toutefois la nécessité de se doter d’outils et de méthodes pertinents pour mesurer la performance globale des entreprises. Beaulieu et Pasquero s’intéressent de façon …