Résumés
Abstract
This article analyzes the case of Mexico in order to provide an overview of citizenship at work in the context of a dependent regional economy in a global era. It examines the framework of rights (civil, political and social) linked to the condition of the working class in a state-corporatist labour regulation model. It also explores the repercussions for workers, both at work and beyond the workplace, of current transitions from this model as well as looking at the redefinition of labour rights now taking place. Four different segments of the labour force are used to illustrate the nature of the historical and continuing deficit in the exercise of citizenship at work. This preliminary exploration leads to the identification of some paths for future research.
Résumé
Cet essai se veut une analyse de la reformulation du concept de citoyenneté au travail au Mexique. L’objectif est d’inventorier les effets de l’intégration économique régionale sur les travailleurs, tant au travail qu’en dehors des lieux de travail, et de mettre en perspective, dans les diverses sphères du monde du travail, la redéfinition des droits des travailleurs et leur influence sur l’exercice de la citoyenneté dans une économie régionale dépendante, à l’ère de la mondialisation. Le caractère préliminaire de cette recherche ne se prête pas au développement de tous les aspects de cette relation, mais il dégage certaines avenues pour d’autres recherches.
Notre étude débute par le rôle du travail selon la définition classique qu’en donne Thomas Humphrey Marshall (1950) et la manière dont on s’en sert dans l’analyse de l’accumulation successive des droits civiques, politiques et sociaux dans l’établissement d’une citoyenneté. Ensuite, Mann (1987) souligne la nécessité d’approfondir les aspects spécifiques de différentes formations socio-économiques, les processus d’institutionnalisation des conflits de classes et de justification des inégalités en prenant comme point de départ la reconnaissance des droits des citoyens. Pour ce faire, Mann met au point une typologie en vue d’analyser les sociétés caractérisées par un niveau élevé de développement économique. Même si cette typologie s’avère très utile, elle ne permet pas de saisir correctement la réalité des formations socio-économiques dépendantes comme celle du Mexique.
L’histoire de la citoyenneté au Mexique, telle que relatée dans la seconde partie de cet essai, doit être comprise dans le contexte de la Révolution mexicaine de 1910–1917, plus précisément, au moment de l’adoption de la Constitution de 1917. Celle-ci s’est traduite dans plusieurs réformes sociales concernant la régulation des relations du travail. L’article 123 reconnaît, entre autres, des droits fondamentaux aux hommes et aux femmes incluant le salaire minimum, l’encadrement du travail des enfants et des femmes et la participation des travailleurs dans les entreprises et les services. La loi fédérale sur le travail ouvrier de 1931 a permis l’établissement et le contrôle des moyens de défense des travailleurs, ce qui est devenu par la suite une forme de corporatisme d’État et un compromis de classe, au sein du Parti révolutionnaire mexicain au cours de la période du mandat du président Lázaro Cárdenas del Río (1934–1940). Cette courte histoire sous-estime l’importance du concept d’un modèle de régulation du travail de type corporatisme d’État (Bensusán, 2000). Il reflète l’institutionnalisation du conflit et la création d’un encadrement des droits propres aux conditions de la classe ouvrière dans un État corporatiste.
On soutient que, dans le contexte des transformations économiques et politiques actuelles vécues au Mexique, on peut déceler les signes d’un déclin et d’un épuisement de l’approche du corporatisme d’État. C’est ce qu’illustre la troisième partie de cet article en procédant à l’analyse de quatre groupes de travailleurs; chacun de ces groupes provenant d’un secteur particulier de l’économie lié à la transformation du modèle politique et économique du Mexique. Le premier groupe englobe les travailleurs des secteurs les plus modernes de l’organisation de la production et du travail, notamment les travailleurs de l’automobile et de l’industrie Maquila. Le deuxième regroupe des travailleurs dans le secteur des technologies des communications et de l’information. Le troisième groupe est constitué des travailleurs au noir. Il représente entre 40 et 50 % de la main-d’oeuvre mexicaine et leurs activités s’étendent au secteur manufacturier, à ceux du commerce et des services; quelques-unes prennent aussi un caractère illégal, telles que le commerce de la drogue et la contrefaçon. Ce groupe est habituellement caractérisé par l’absence d’obligations et l’absence de droits fondamentaux normalement associés à une relation normale d’emploi. Ces gens ont plutôt opté pour développer leur propre « légalité », qui comporte des processus organisationnels et politiques, parfois visibles et, à d’autres moments, invisibles. Enfin, le quatrième groupe analysé est celui des travailleurs mexicains migrants, qui sont importants autant pour l’économie mexicaine que pour celle des États-Unis. Ces travailleurs se voient privés de leurs droits dans leur propre pays et, plus souvent qu’autrement, de leurs droits au travail aux États-Unis, lorsqu’ils sont engagés dans du travail au noir.
Bien que tous les aspects de ces cas ne puissent être intégrés à une analyse de la citoyenneté au travail, il est possible tout de même d’étudier quelques-uns des changements économiques et politiques au Mexique en les plaçant en relation avec des droits au travail et un répertoire plus vaste de droits inhérents à la citoyenneté. Cette analyse des différents groupes fournit un reflet du monde du travail mexicain qui est de plus en plus polarisé. Elle permet également une compréhension du déficit historique au plan de l’exercice de la citoyenneté, tel que le droit à la liberté d’association, le droit de choisir un syndicat, l’élection de représentants syndicaux et une multitude d’autres droits liés à la protection du travail dans l’entreprise. De manière paradoxale, les transformations politiques et économiques au Mexique signifient que les leviers antérieurs dominants du corporatisme d’État perdent de leur capacité à servir d’intermédiaire entre le « sommet » (l’État et les employeurs) et la « base » (ceux des intermédiaires identifiés antérieurement). Dans chaque cas, cependant, il est possible de constater l’émergence de nouvelles formes que peuvent prendre les droits de citoyenneté. De plus, puisque les segments de la main-d’oeuvre observés sont particulièrement sensibles aux processus de mondialisation et à ceux de l’intégration de l’économie mexicaine à celle des États-Unis, ils fournissent des jalons particuliers dans la compréhension de la citoyenneté au travail dans une économie régionale dépendante à l’ère de la mondialisation. Ces conclusions sont nécessairement provisoires, mais, en autant que chacun de ces cas nous incitent à nous intéresser aux droits dans les lieux de travail et à leur impact sur la sphère plus vaste de la citoyenneté, ils délimitent un plan d’action qui permettra de pousser plus avant la recherche sur le sujet.
Resumen
Este articulo analiza el caso de México con el fin de proporcionar una visión general de la ciudadanía laboral en el contexto de una economía regional dependiente, en la era de la globalización. Se examina la estructura de los derechos (civiles, políticos y sociales) respecto a las condiciones de la clase trabajadora en un modelo estatal-corporatista de regulación del trabajo. Se explora también las repercusiones de las transiciones de este modelo sobre los trabajadores en lo que respecta el trabajo y los medios laborales. Se observa igualmente las consecuencias de la redefinicion de los derechos laborales que se están llevando a cabo. Cuatro diferentes segmentos de la fuerza de trabajo son utilizados para ilustrar la naturaleza del déficit histórico y actual en el ejercicio de la ciudadanía laboral. Esta exploración preliminar conduce a la identificación de algunas pautas para futuras investigaciones.
Parties annexes
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