Résumés
Abstract
Citizenship in work is a continuous process of sustaining and fighting for just social rights. The argument here is that currently a major impediment to this democratic process at work is the practical and ideological imposition of economic liberal policy, conceived for and by dominant class interests. This article discusses the idea of citizenship, its antithesis economic liberalism and its synthesis Keynesianism and the welfare state. Then it asks what these and other ideas bring to the debate about citizenship and work in a global society?
Résumé
La citoyenneté au travail est un processus continu de lutte pour les droits économiques et sociaux et de maintien de ces mêmes droits. Nous soutenons ici qu’une entrave majeure à ce processus démocratique au travail réside dans l’emprise d’une politique économique libérale au service d’une classe économique dominante et conçue par cette dernière. Cet essai se veut une discussion de l’idée de citoyenneté, du libéralisme économique comme son antithèse, du keynésianisme faisant figure de synthèse et, enfin, de l’État-providence. Nous cherchons également à savoir si ces idées et d’autres ont ou non une incidence sur le débat concernant la citoyenneté et le travail dans la société mondiale.
Le caractère souhaité d’une notion démocratique de la citoyenneté au travail, servant de guide aux politiques publiques et à l’action privée, dépend de sa capacité à faire reconnaître sa légitimité dans le discours public et chez les décideurs politiques. Il existe deux sources importantes de résistance à cette notion de citoyenneté au travail. Une première, qui origine d’une pensée de gauche est à l’effet que, dans un système capitaliste voué à la recherche du profit pour un petit nombre, l’idée de citoyenneté démocratique au travail est impossible. Une deuxième source vient d’une idéologie de la droite. Enracinée fortement, bien alimentée et largement soutenue, cette source de résistance prétend que la citoyenneté démocratique au travail conduit à une perte de profits et, par conséquent, elle est indéfendable. Comme la droite détient le pouvoir économique, elle possède aussi les moyens d’ériger en idéologie dominante sa logique anti-démocratique et hostile aux travailleurs qui est celle du libéralisme économique.
Comment ces notions de citoyenneté et de travail sont-elles définies ? Dans un premier temps, il faut rappeler que la conception marxiste du travail renvoie à celle de l’exploitation des travailleurs. Celle-ci est inhérente au système capitaliste, parce que les employeurs rémunéreront les travailleurs seulement de façon à ce qu’ils puissent se reproduire, eux et leurs familles, indépendamment des profits que les entreprises peuvent réaliser. Dans un système aussi hautement compétitif, les employeurs vont nécessairement déprécier le travail. La technologie, plus précisément celle de la ligne d’assemblage, fonctionne de manière à aliéner les travailleurs, à les priver d’une activité créatrice. Des travailleurs aliénés sont plus faciles à manipuler, jusqu’au moment où ils forment des associations et revendiquent des droits afférents à la citoyenneté.
Dans un deuxième temps, la notion de citoyenneté est un statut conféré à des personnes nées dans un pays donné ou naturalisées. Ces personnes vont partager des droits réciproques, des responsabilités, des privilèges, des obligations et des besoins de supports et de services. La citoyenneté, sous l’angle d’une théorie en évolution, est souvent associée à la pensée sociale-libérale de Marshall (1950), qui soutient que la demande des travailleurs pour la reconnaissance de droits politiques et sociaux transformera l’identité de classe en une nouvelle identité prétendument fondée sur la citoyenneté; cependant, les libéraux prétendent qu’une telle transformation représente des coûts trop élevés.
Les principales théories à l’enseigne du libéralisme économique viennent contrer ces idées de citoyenneté et cette conception du travail par celles du travail qu’on retrouve dans les théories de l’avantage absolu, de l’avantage comparatif et de l’avantage concurrentiel. L’idée d’avantage absolu tire son fondement de l’édification de la richesse d’un État-nation sur l’efficacité de l’activité de travail, non pas sur le commerce comme le soutiennent ceux qui partagent une vision mercantiliste. L’activité de travail devient spécialisée dans le procès de travail inhérent à la fabrication d’un produit reposant sur la division du travail. Les entreprises, également, s’organisent autour du principe de la division du travail en fabriquant de façon coopérative des produits meilleurs que ceux qu’elles produiraient individuellement. L’avantage comparatif renvoie à l’idée d’une exploitation plus poussée des travailleurs et de la mécanisation du travail; elle implique cependant une différenciation de la production d’un pays à un autre. Les entreprises vont mener à bien l’avantage comparatif dont elles disposent et organiser leurs activités commerciales en fonction de ce dernier. L’avantage concurrentiel réside dans une standardisation aux plus bas coûts de production, plus particulièrement, des coûts de main-d’oeuvre, pour que les entreprises puissent se donner un avantage concurrentiel dans un marché mondial.
Quelle incidence ces théories ont-elles sur la citoyenneté et le travail ? Les principales idées libérales au coeur des trois types d’avantages (absolu, comparatif et concurrentiel) comportent toutes une recherche optimale de profits pour les propriétaires d’entreprises. Keynes soutient que ces politiques économiques libérales accentuent la crise. Leur antithèse, c’est-à-dire l’intervention radicale dans le marché pour amorcer la demande, est une façon de promouvoir la production, d’appuyer financièrement l’État-providence, d’établir une rémunération à caractère social et de reconnaître des droits aux travailleurs. Ceci, mais non la doctrine économique « stricte » des libéraux, est en accord avec la thèse de Marshall (1950) qui revendiquait la justice au travail dans son combat pour la reconnaissance de droits protecteurs.
Que peut-on faire alors ? La première chose à faire est d’élargir la conception dépassée et restreinte de la citoyenneté chez Marshall. Ceci représente un bon point de départ. Cependant, comme les droits sont conçus ici comme provenant du sommet vers la base, les travailleurs deviennent des sujets passifs, reconnaissants de ce que le système leur procure. Pour que la typologie de Marshall puisse fonctionner, elle doit inclure le travail rémunéré, plutôt que l’appartenance à une société, comme étant la base de la citoyenneté sociale. Ceci implique un combat pour les droits économiques et les droits des travailleurs tels qu’on les retrouve à l’intérieur du cadre de protection de l’Organisation internationale du Travail reconnaissant les droits d’association, de négociation collective, d’élimination du travail obligatoire ou forcé, l’abolition du travail des enfants et l’élimination de la discrimination sur les lieux de travail.
Nous devons passer au crible les irritants du libéralisme économique afin de saisir plus précisément ce qui constitue l’idéal d’une citoyenneté internationale. La notion d’une citoyenneté au travail, si elle est conçue à l’intérieur d’un cadre théorique cohérent, pourrait servir de base à une vision politique alternative qui viendrait remettre en question la légitimité de l’idéologie libérale et constituerait le coeur du défi à la suprématie libérale.
Resumen
La ciudadanía en el trabajo es un proceso continuo de fundamentación y lucha por los derechos de justicia social. El argumento aquí es que, actualmente, un obstáculo mayor a este proceso democrático en curso es la imposición practica e ideológica de la política económica liberal, concebida por y en función de los intereses de la clase domínate. Este artículo discute la idea de ciudadanía, sus antítesis del liberalismo economico y sus síntesis del keynesianismo y el estado providencia. Se interroga entonces, ¿en qué esa y otras ideas contribuyen al debate sobre la ciudadanía y el trabajo en una sociedad global?
Parties annexes
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