RecensionsBook Reviews

The Internet in the Workplace : How New Technology is Transforming Work, par Patricia Wallace, New York : Cambridge University Press, 2004, 301 p. ISBN 0-521-80931-2.[Notice]

  • Alain d’Iribarne

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  • Alain d’Iribarne
    CNRS, Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales, Paris

Cet ouvrage entre dans une catégorie qui commence à être assez bien pourvue : celle des ouvrages destinés à rendre compte de ce qui est appelé « les effets des nouvelles technologies de l’information et de la communication – NTIC – sur les transformations du travail ». En cela, il s’inscrit dans une lignée de publications qui, à travers les vagues successives d’innovations technologiques incorporées tant dans les équipements productifs que dans les produits, cherchent à décrire et à interpréter des sens et des modalités de transformation du travail. Plus précisément, il se donne comme ambition d’explorer différentes facettes des effets, sur le travail, de « Internet et de toutes les innovations réseau-centriques qui émergent à partir de lui ». Il s’appuie, pour cela, sur l’idée que cet ensemble d’innovations « a [déjà] transformé les lieux de travail et nos vies de travail dans un délais très court ». Les effets principaux seraient dus au brouillage des frontières du temps et de l’espace de travail, Internet autorisant des mises en relation de travail avec l’ensemble de notre planète, partout et tout le temps : 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Toutefois, il insiste sur ce qui pourrait être un paradoxe particulièrement trompeur de la situation actuelle, à savoir le fait que les lieux de travail demeurent en apparence pratiquement inchangés, alors que, d’une part, ils se trouvent menacés de disparition et que, d’autre part, les compétences et les caractéristiques psycho-cognitives requises par l’exercice de ces nouveaux types de travail se trouvent profondément modifiées. Dans ce cadre, l’ouvrage de Patricia Wallace est structuré en onze chapitres qui lui permettent d’explorer quelques grandes questions classiques de l’analyse du travail. En partant de « l’émergence des technologies réseau-centriques » et en relation avec leur diffusion dans les lieux de travail, l’auteur aborde ces questions à travers sept chapitres destinés à rendre compte des mouvements actuels. Ses propos sont souvent illustrés par des petites histoires anecdotiques destinées à mieux leur donner vie, suivant un procédé très en vogue dans l’univers culturel américain. C’est ainsi que l’ouvrage aborde successivement les questions : Enfin, avant d’aborder dans un chapitre en quelque sorte conclusif sur ce que pourraient être les évolutions, dans l’avenir, des lieux de travail centrés sur les réseaux, avec une opposition entre la « vieille » et la « nouvelle » économie ainsi qu’une interrogation sur ce que pourraient être les « bureaux du futur », l’auteur consacre un chapitre aux évolutions des emplois. Dès lors qu’on accepte de ne pas s’arrêter à la forme retenue par Patricia Wallace pour présenter ses réflexions, son ouvrage mérite une attention particulière dans la mesure où il présente une bonne synthèse de ce que l’on connaît sur les sujets qu’elle aborde. En effet, dans ses formulations aussi bien que dans ses titres, Patricia Wallace laisse constamment penser qu’elle fait parti de cette vaste école qualifiée du « déterminisme technologique » qui attribue sans nuance, aux technologies, un rôle moteur déterminant dans l’évolution du travail en général et, plus particulièrement dans celles que nous connaissons depuis ces vingt-cinq dernières années en relation avec une remise en cause des modèles productifs standardisés de masse, appuyés sur des intégrations d’économies d’échelles et sur une organisation du travail bureaucratico-taylorisée. Or, tous les travaux de recherche qui sont menés tant en économie qu’en sociologie ou en gestion d’entreprise, montrent que si les nouvelles générations de technologies associées aux réseaux à protocole IP jouent un grand rôle dans ces évolutions, elles sont plus des outils permissifs de transformation que des moteurs de transformation, ceux-ci devant être plutôt recherchés du côté …