RecensionsBook Reviews

The Politics of Working Life, par Paul Edwards et Judy Wajcman, Oxford: Oxford University Press, 2005, 316 p., ISBN: 0-19-927191-7[Notice]

  • Jean-Noël Grenier

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  • Jean-Noël Grenier
    Université Laval

Le monde du travail contemporain suscite plusieurs interrogations parmi les universitaires et les praticiens des relations industrielles. À l’engouement pour la participation et la démocratisation des lieux du travail on peut opposer l’insécurité et la précarité de l’emploi qui touchent plusieurs salariés. Les problèmes de santé mentale semblent également apparaître de plus en plus avec l’intensification et la densification du travail et les horaires de travail atypiques. La conciliation travail-famille se bute elle aussi aux exigences de disponibilité et d’engagement des salariés envers l’entreprise. Comment concilier les responsabilités de l’entreprise envers le bien-être des salariés et l’environnement tout en répondant de façon adéquate aux pressions des actionnaires pour des rendements élevés alors que s’intensifie la concurrence internationale ? L’entreprise est bel et bien un lieu où les acteurs doivent composer avec un ensemble d’exigences qui semblent contradictoires. Dans The Politics of Working Life, Paul Edwards et Judy Wajcman proposent de comprendre ces contradictions comme étant des caractéristiques inhérentes aux organisations et aux relations sociales qui forgent le mode de production capitaliste. Adoptant une perspective d’économie politique critique, les auteurs visent à dépeindre les interdépendances entre les changements dans la nature du travail et les transformations dans le contexte externe des organisations. Selon Edwards et Wajcman, une telle perspective fondée sur les notions de relations de pouvoir, de contradictions et d’interdépendance permet de mieux saisir les liens entre un ensemble de problèmes qui, à première vue, nécessiteraient des analyses différentes. L’analyse qu’ils nous proposent prend comme point de départ les dimensions microsociales du travail et des organisations et aboutit à des questions macrosociales, telles que la construction des marchés et les effets de la mondialisation sur le travail. L’argumentaire est élaboré au fil des onze chapitres que comprend le volume. Alors que le chapitre premier positionne la problématique et explique l’approche retenue par les auteurs, les dix suivants, regroupés en trois sections, abordent chacun une question qui fait l’objet de débats dans les communautés de praticiens et d’universitaires. Les chapitres 2 à 4 sont centrés sur le travail et les salariés eux-mêmes. Le chapitre 2 passe en revue les changements dans la nature du travail et la structure des emplois. L’argument central est que malgré l’apparente dégradation de la qualité des emplois et la précarité qui en caractérise plusieurs, le travail demeure une valeur centrale dans notre société puisque c’est dans les organisations que les individus forment leur identité sociale. Si l’on avance qu’il y a eu une détérioration dans les conditions de travail, en comprendre les conséquences pour les relations d’emploi exige que l’on adopte le point de vue de ceux et celles qui donnent un sens à leur travail. Le chapitre 3 tente d’établir les interdépendances entre les changements au travail et la problématique de la conciliation travail-famille. Une courte recension des études permet aux auteurs d’avancer qu’il est de plus en plus difficile de concilier ces deux aspects de la vie et qu’il y a une certaine polarisation entre ceux et celles qui travaillent trop et les autres qui ne travaillent pas autant qu’ils le voudraient. Les technologies domestiques n’offrent qu’une solution partielle puisqu’elles ne modifient pas le partage des responsabilités familiales qui sont encore assumées en grande partie par les femmes. L’impartition, quant à elle, contribue à un nouveau rapport d’exploitation entre les femmes qui ont des conditions salariales relativement avantageuses et leurs congénères qui occupent les derniers échelons du marché du travail et qui proviennent souvent de l’immigration légale ou clandestine. Dernière solution : les politiques de conciliation travail-famille, Edwards et Wajcman y trouvent des avantages mais notent qu’elles sont surtout considérées pour leur apport …