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Agir sur la santé au travail. Acteurs, dispositifs, outils et expertise autour des enjeux psychosociaux, Dirigé par Arnaud Mias et Cyril Wolmark (2018) Toulouse : Octarès Éditions, Coll. Le travail en débats, 238 pages. ISBN : 978-2-36630-085-7[Notice]

  • Daniel Prud’homme

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  • Daniel Prud’homme
    Chargé d’enseignement en ergonomie, Département des relations industrielles, Université Laval

Cet ouvrage présente les actes d’un colloque international sur les risques psychosociaux (RPS) ayant eu lieu à Paris les 11 et 12 juin 2015. À la différence d’actes de colloque « classiques » du monde académique, les organisateurs de cet événement avaient pour ambition particulière de réunir dans un même endroit, tant les chercheurs s’intéressant aux RPS que les praticiens — acteurs sur le terrain qui ont à gérer ces risques au quotidien —, de même qu’à organiser la prévention des RPS dans les milieux de travail. Pour y arriver, des rencontres préparatoires entre les participants ont été tenues avant le colloque. À la suite de ces rencontres, il fut décidé que chacune des présentations lors du colloque seraient produites par des binômes, à savoir un praticien et un chercheur. L’idée était de favoriser la discussion entre ces deux mondes durant le colloque lui-même, et non de juxtaposer les points de vue des uns et des autres. La division des différentes contributions en grands thèmes répond également à cette volonté. Ainsi, les articles ont été regroupés en quatre grands sujets : les acteurs, les dispositifs, les outils et l’expertise CHSCT (comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). La première partie porte ainsi sur certains acteurs impliqués dans la prévention des RPS, en particulier les psychologues et les psychosociologues, de même que les acteurs syndicaux. Les médecins du travail, qui sont autant en France qu’au Québec la pierre angulaire des services étatiques de santé au travail, n’ont pas été considérés puisque plusieurs autres grandes études se sont penchées sur l’évolution de ces professionnels. Le dispositif d’intervention des psychologues et des psychosociologues est expliqué par Mermberg et Simier, ainsi que par Barlet. Ceux-ci n’interviennent qu’à la demande des médecins du travail. On constate que les frontières professionnelles entre les différents intervenants demeurent floues, ce qui entraîne de nombreuses difficultés lors des interventions et une collaboration pluridisciplinaire complexe. Les psychologues et les psychosociologues agissent à plusieurs niveaux, notamment sur l’évaluation socio-organisationnelle de l’entreprise. Les auteurs constatent que la restitution des résultats aux travailleurs est souvent problématique du fait que les directions d’entreprise tentent de garder le contrôle des informations. Le processus d’intervention doit alors favoriser le dialogue, via des entrevues collectives notamment. De plus, la notion même de RPS pose souvent problème aux intervenants puisque cette expression « parapluie » renvoie, pour la plupart des acteurs dans les milieux de travail, à une notion individuelle du risque pour la santé. Dans une autre contribution, Bouffartigue, Duflot et Giraux suggèrent d’ailleurs de parler d’« enjeux » psychosociaux (203) plutôt que de risques psychosociaux, suivant ainsi une recommandation de Clot. Un autre acteur propre au Québec est le délégué social (DS). Ces derniers ont été mis sur pied dès 1983 par la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). Il y en a environ 2700 aujourd’hui dans les entreprises syndiquées par cette centrale. Si ces DS améliorent la qualité de vie au travail et soulage une partie de la souffrance vécue par certains travailleurs, leur mandat n’est pas toujours encore bien compris et accepté, à l’instar des psychologues et des psychosociologues en France. Puis, en ce qui concerne les dispositifs de prévention des RPS en place dans les entreprises, l’ensemble des contributions (Bonnefond, Scheller et Clot; Guyon, De Gasparo et Lebis; Ottmann et Sédille; Chaumeau et Tracelet) dans cette section donnent des exemples d’intervention ayant eu lieu en utilisant, notamment, la clinique de l’activité, en plus de l’ergonomie de l’activité et la psychodynamique du travail. Ces contributions démontrent la nécessité de dépasser la dimension micro lors des interventions si l’on souhaite agir de façon …