Comptes rendus

Lecture des lectures de mon travail. À propos de The Dawn of Music Semiology: Essays in Honor of Jean-Jacques Nattiez, dirigé par Jonathan Dunsby et Jonathan Goldman[Notice]

  • Jean-Jacques Nattiez

La publication du volume d’hommage qui fait l’objet du présent article a été l’occasion pour moi de vivre trois grands moments d’émotion. En janvier 2016, mon épouse Rita Ezrati et moi avions invité quelques collègues et amis pour fêter mes 70 ans. Mais quelle ne fut pas ma surprise de voir entrer dans notre appartement Jonathan Dunsby et sa compagne Jennifer, venus spécialement de Rochester pour participer à cette célébration. Il était également présent, avec Jonathan Goldman, à l’Université de Rochester lors du lancement américain, le 10 novembre 2017, de l’ouvrage cité en référence dans le cadre du congrès annuel de l’American Musicological Society (ams). Et il est venu spécialement des États-Unis le 16 novembre pour participer au lancement québécois à la Faculté de musique de l’Université de Montréal organisé par Jonathan Goldman, avec le soutien de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche de musique (oicrm, dirigé par Michel Duchesneau) et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (crsh), au cours duquel j’ai lu le texte dont le présent article est une version révisée. Cela en dit long à la fois sur l’amitié que les deux Jonathan me portent. L’estime de Dunsby se manifeste à l’égard de mon travail depuis près de 40 ans, aussi bien dans divers colloques que dans des articles – et non des moindres. Je pense tout particulièrement aux notices qu’il m’a consacrées dans les éditions 1980 et 2001 du prestigieux New GroveDictionary of Music and Musicians. Mais ce n’est pas seulement sa présence inattendue à Montréal qui m’a ému. Au moment de la distribution des cadeaux, Dunsby et Goldman m’ont remis un cadre. J’ai d’abord cru que ce serait une estampe inuit. Non. Il s’agissait de la page-couverture du livre que les Presses de l’Université de Rochester allaient publier en mon honneur, accompagné de sa table des matières. La conjonction de mes deux collègues était en la circonstance une extraordinaire démonstration d’amitié, une des valeurs humaines que je valorise le plus. Et que dire de cette autre surprise, fruit, elle, de l’amour : je découvrais sur la couverture la reproduction d’une superbe encre originale de Rita. Elle avait su garder le secret aussi bien de l’oeuvre qui lui avait été demandée que de la visite de Jonathan Dunsby et de sa compagne, invités à loger dans son atelier de peinture sans que je n’en sache rien ! Je ne cacherai pas que j’ai pleuré. Je fus très touché par le geste. D’abord par le fait que les deux Jonathan aient conjugué leurs efforts pour souligner ce passage à une décennie nouvelle, ce qui n’est jamais facile pour quelqu’un qui est comme moi affligé par ce que j’aime appeler ma « chronose ». Ensuite, parce que je connais assez les problèmes de l’édition pour savoir tout l’investissement en temps et en énergie que ce projet a exigé : les démarches auprès de l’éditeur, la sollicitation des auteurs, les traductions, l’édition des textes, la calligraphie des exemples musicaux, la correction des épreuves… Sans parler de la conception même du livre, car j’ai le défaut d’être un auteur prolifique et il n’était certainement pas facile de réussir à évoquer en 215 pages les diverses facettes de mon travail. Cette dernière exigence du genre « Festschrift » est particulièrement réussie et elle me satisfait d’autant plus que, farouche adversaire des baronnies qui minent les milieux scientifiques et universitaires, je ne conçois pas la musicologie autrement que comme une musicologie générale, c’est-à-dire une discipline large qui accorde la même importance à la musicologie historique, à l’ethnomusicologie, à l’analyse, à l’acoustique, …

Parties annexes