Recensions

Collin McCullough et Robert Teigrob, dir, Canada and the United Nations: Legacies, Limits and Prospects, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2016[Notice]

  • Julien Simard

Candidat au baccalauréat en relations internationales et droit international, Université du Québec à Montréal.

Rédigé au bilan des douze années de gouvernement Harper, responsable d’une dévalorisation sans précédent de la relation entre le Canada et l’Organisation des Nations unies (ONU), l’ouvrage Canada and the United Nations : Legacies, Limits, Prospects s’interroge sur le rôle du Canada au sein de l’ONU lors des soixante-dix dernières années. Le Canada est-il un fidèle allié des États-Unis, un pion pour les Britanniques ou un État conciliateur? Les directeurs Collin McCullough (professeur auxiliaire à la faculté d’histoire de l’Université McMaster) et Robert Teigrob (professeur associé à la faculté d’histoire de l’Université Ryerson) évitent de circonscrire le Canada à une de ces étiquettes. L’analyse historique des auteures et auteurs révèle plutôt que le Canada s’est présenté comme un acteur clé au sein de l’instance multilatérale dès sa création. Au fil des générations, les Canadiennes et Canadiens, autant au sein de la sphère politique que dans la société civile, se sont identifiés à l’internationalisme libéral, étroitement lié aux idéaux de l’ONU. Cependant, à la lecture de Canada and the United Nations, il est clair que depuis plus de vingt ans, l’image toujours vive du Canada en tant que peacekeeper relève davantage du lègue des décennies précédentes que de la réalité contemporaine. Bien que la littérature scientifique soit abondante quant aux enjeux spécifiques que rencontre le Canada à l’ONU, l’ensemble de l’oeuvre remplit la tâche jusqu’alors inaccomplie de poser une réflexion générale et actuelle sur la relation entre le Canada et l’ONU. L’ouvrage collectif émerge d’une conférence organisée à l’Université de McMaster invitant des experts à se prononcer sur le rôle historique du Canada au sein de l’ONU. Le fruit de cette commune réflexion se décline en huit chapitres qui se superposent chronologiquement depuis les premières participations du Canada au sein d’instances bilatérales comme la Commission mixte internationale (1909) jusqu’aux promesses de revalorisation de la place du Canada dans l’ONU émises par le premier ministre Justin Trudeau (2016). Nous présenterons le substrat de chacune des contributions de l’ouvrage. Dans le premier chapitre, David Mackenzie explique la naissance de la coopération multilatérale canadienne. Jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’influence britannique pesait lourd sur la politique canadienne alors que le Canada agissait en unisson avec les membres du Commonwealth explique Mackenzie. La voie du multilatéralisme, via la Société des Nations (SDN) et l’Organisation internationale du Travail (OIT), était donc une stratégie d’affirmation de l’autonomie du Canada sur la scène internationale. Or, il note qu’aux balbutiements du multilatéralisme canadien, le maintien de l’unité nationale était un enjeu à considérer, alors que francophones et anglophones étaient divisés à propos du rôle du Canada et de ses provinces au sein de ces instances. Suzanne Langlois, en deuxième chapitre, témoigne de la manière dont le Canada, en collaboration avec l’ONU, a effectué de la propagande cinématographique afin de populariser les valeurs libérales canadiennes dans la période d’après-guerre. Entre 1943 et 1947, l’Office national du film du Canada (ONF) a produit des films en collaboration avec l’ONU montrant les ravages causés par la guerre dans les zones libérées par les Alliés. Langlois explique qu’un faisceau de communication était ainsi fondé, liant la société civile canadienne aux familles dévastées de l’Europe de l’Est. L’objectif était de promouvoir un système de valeur basé sur la démocratie libérale et la coopération internationale légitimant les politiques européennes de reconstruction. Au tournant de la Deuxième Guerre, l’ONU à peine créée dû se montrer pertinente malgré l’immobilisme du Conseil de sécurité enlisé dans les tensions géopolitiques de la guerre froide. David Webster affirme que l’assistance technique internationale en contexte de décolonisation était une stratégie employée par le Canada et l’ONU pour …

Parties annexes