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Cet ouvrage collectif est le produit du premier séminaire annuel de l’Alliance de recherche universités-communautés (ARUC) Innovations, travail et emploi sous le thème « La qualité du travail et de l’emploi, au coeur des performances des entreprises et du développement durable des communautés ». Il vise à réunir dans un même ouvrage des contributions assez différentes à propos de ce qui constitue l’une des « principales problématiques du travail et de l’emploi » et qui intéresse non seulement les chercheurs mais également les acteurs du monde du travail. L’introduction explique clairement l’évolution de cette problématique, ses ancrages dans l’histoire des sciences sociales et son inscription dans l’histoire plus récente. Cette dernière s’analyse en associant, à chaque moment, la question de la qualité du travail et de l’emploi et les principales préoccupations du monde du travail : les débats entre domination et autonomie qui sont au coeur de la théorie du processus de travail et de celle de la psychologie du travail dans les années 1970; les effets de la crise de l’emploi quand s’installe « le faux arbitrage » entre la réduction du chômage et le sacrifice de la qualité des emplois dans les années 1980; la discussion autour de la précarisation, de la flexicurité et de l’employabilité, d’où se dégage l’importance de la formation, dans les années 1990; les enjeux autour de la conciliation travail-famille qui émerge avec l’entrée massive des femmes sur le marché du travail dans les années 2000; et enfin les défis que les risques psychosociaux imposent à la question de la qualité et l’intégration de cette question au débat plus large sur les inégalités sociales, de revenus et de sécurité au cours des dernières années.

Ce parcours historique, à la fois complet et synthétique, débouche sur un concept de qualité du travail et de l’emploi assez englobant, à six dimensions fondamentales : autonomie et qualification; sécurité, statuts d’emploi et protections sociales; formation et perspectives de carrière; conciliation travail-famille, incluant les heures de travail; intensité du travail et risques psychosociaux; rémunération et inégalités des revenus. Ainsi défini, le concept permet non seulement de distinguer qualité du travail et qualité de l’emploi, mais également de montrer que cette question est au carrefour des diverses problématiques du champ des études sur le travail. Cette variété justifie d’ailleurs la diversité des contributions et des perspectives réunies ici, et dont le principal dénominateur commun se ramène à l’utilisation du concept de qualité du travail et de qualité de l’emploi, parfois l’une sans l’autre, et avec des méthodologies différentes selon les chapitres. Les chapitres ne sont pas pour autant déconnectés entre eux : au contraire, ils dialoguent par groupe de deux sur des sujets communs (les indicateurs de l’évolution de la qualité, la professionnalisation et ses effets sur la qualité, l’influence des institutions intermédiaires sur la qualité et enfin le poids de la dimension relationnelle dans la qualité). Le directeur de l’ouvrage a lui-même écrit un chapitre dont les résultats contredisent les conclusions du premier chapitre, mettant en exergue que le débat autour de la qualité n’est pas clos. Actualité, complexité et diversité animent donc l’esprit de cet ouvrage à visée pragmatique; que l’on aimerait voir complété par d’autres travaux empiriques, où des solutions aux problèmes de qualité du travail et de l’emploi seraient proposées et approfondies.