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Rassemblant des textes trouvant leur origine dans plusieurs interventions dans le cadre du colloque du Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite en enseignement supérieur organisé en 2010 et du congrès de l’European Access Network qui a eu lieu en 2009, cet ouvrage offre un regard pluriel sur des réflexions et des recherches contemporaines entourant l’accessibilité aux études postsecondaires au Québec, en Amérique du Nord et dans certains pays d’Europe de l’Ouest.

Cet ouvrage se situe dans le champ d’études sur la persévérance et la réussite aux études postsecondaires. Il se divise en deux grandes parties. Dans la première, les auteurs abordent les dimensions historiques de l’accessibilité aux études postsecondaires et l’influence des politiques publiques sur elle. Des perspectives locales et internationales y sont décrites. Le lecteur est ainsi en mesure de mettre en perspective la situation particulière du Québec par rapport à d’autres régions du monde (Europe, États-Unis, Grande-Bretagne, etc.) et l’importance des collèges d’enseignement général et professionnel dans la démocratisation de l’enseignement supérieur. Dans la seconde partie, les profils des étudiants et les parcours scolaires au Québec et ailleurs sont dégagés en lien avec la thématique du livre. Grâce à une analyse à plusieurs facettes, les auteurs démontrent qu’en dépit des avancées remarquables en la matière, l’accessibilité aux études postsecondaires demeure un projet inachevé. Malgré de grandes avancées et un rattrapage scolaire évident, le processus de reproduction sociale est toujours dominant. L’accès aux études postsecondaires demeure différencié en fonction de l’origine sociale et socioculturelle, du niveau socio-économique, de la scolarité des parents, du lieu de résidence (régions, municipalités, ville, campagne, province, etc.), de la langue maternelle, etc. Outre le groupe des femmes et celui des étudiants adultes, de « nouveaux » groupes émergeant des dernières réalités sociales sont pris en compte : les étudiants étrangers, ceux issus de l’immigration, ceux d’origine autochtone ou ceux en situation de handicap. Les auteurs dégagent certaines caractéristiques scolaires et sociales qui distinguent ces groupes des autres étudiants et font le bilan des questions laissées en suspens en lien avec l’accessibilité aux études postsecondaires. Les pistes de recherches futures demeurent nombreuses pour qui souhaite éclaircir les zones d’ombre identifiées.

En résumé, cet ouvrage atteint son objectif, celui de proposer une réflexion collective sur l’accessibilité aux études postsecondaires. Les chapitres sont toutefois de qualité inégale. Certains sont de nature purement spéculative, alors que d’autres rapportent des résultats de recherches empiriques, aussi bien qualitatives que quantitatives, ainsi que des recensions d’écrits du Québec, du reste du Canada ou d’ailleurs. Cette caractéristique pourrait avoir l’avantage d’interpeller praticiens et chercheurs autour de cette question. À la lecture de l’ouvrage, le lecteur prendra conscience que l’accessibilité aux études postsecondaires est un phénomène complexe qui doit être examiné selon différents perspectives et points de vue. Même si le portrait dressé se révèle assez complet, il apparaît souhaitable de poursuivre la réflexion en lui ajoutant la voix d’autres intervenants comme les enseignants, les professeurs et les gestionnaires des études, ce qui pourrait bonifier les angles d’approche et offrir une vision à la fois différente et complémentaire. Des études longitudinales jumelant les aspects de la vie sociale et scolaire des étudiants aux facteurs psychologiques et personnels pourraient également être considérées afin de mieux cerner ce phénomène complexe.