Comptes rendus

Michel Tétu (dir.), L’année francophone internationale 2001, Sainte-Foy, Université Laval, 2000, 416 p.[Notice]

  • Simon Langlois

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  • Simon Langlois
    Département de sociologie et CEFAN,
    Université Laval.

L’article sur la Grèce, bien que bref, est un modèle du genre. On y apprend que l’entrée de ce pays dans l’Union européenne a eu un impact identitaire important et qu’elle exige de revoir l’organisation sociale même de la Grèce, l’Église orthodoxe contestant le retrait de l’identification de la religion dans les passeports grecs sous prétexte que « la nation grecque serait en danger si le pays se conformait aux directives de Bruxelles ». Une anecdote rapportée par l’auteur de l’article illustre bien le statut changeant de la langue française dans le monde. Invitée au Festival international du film de Thessalonique, Catherine Deneuve a préféré s’adresser à ses auditeurs grecs uniquement en anglais, coup dur pour les Grecs francophiles. Désirant élargir leur audience à un plus large public (de cinéphiles, de scientifiques, de clients, etc.), les Français n’envoient-ils pas le message que c’est la langue anglaise qui compte vraiment ? Enfin, la dernière partie du livre passe en revue les activités des nombreuses institutions et associations francophones nationales et internationales : OIF, CRPLF, UIJPLF, FIPF, AFAL, ADIFLOR, OFQJ, FJFEF, AIFA, RAFQ, ACELF, FCFA, CFC, AFITEP, FLFA, APFF, CVFA, CREIPAC, AEFECD, CICIBA. Si la multiplication des sigles est un signe de vitalité, alors la francophonie internationale se porte bien… Je laisse au lecteur le soin de consulter la publication pour en connaître la signification, et une description de leurs champs d’activité. Il manque à cet ouvrage un bilan d’ensemble de l’état du français dans le monde, même si de nombreux éléments qui permettraient de le construire se retrouvent épars au fil des pages. Risquons une première conclusion, bien téméraire cependant. La lecture de cet ouvrage nous incite à donner raison à Philippe Seguin : « la francophonie ratisse trop large ». N’y aurait-il pas lieu de réduire quelque peu l’ambition de tout couvrir et éviter ainsi « l’élargissement continuel de la francophonie » dénoncé par Seguin ? La question mériterait d’être posée en repensant quelque peu cet annuaire sur la francophonie à qui il faut souhaiter par ailleurs un bon dixième anniversaire et une longue vie.