Comptes rendus

Mario Filion, Jean-Charles Fortin, Robert Lagassé, Richard Lagrange, Lorne Houston, Pierre Lambert et Roland Viau, Histoire du Richelieu-Yamaska-Rive Sud, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 2001, 557 p.[Notice]

  • Marc-A Lessard

…plus d’informations

  • Marc-A Lessard
    Département de sociologie
    Université Laval

Treizième de la collection Régions du Québec lancée par l’IQRC il y a plus de vingt ans et troisième consacré à la Montérégie après Histoire du Piémont des Appalaches (1999) et Histoire du Haut Saint-Laurent (2000), cet ouvrage collectif porte sur des lieux où s’est joué plusieurs fois le sort de ce qui devait devenir le Québec et où se sont façonnés bien des traits. Certains diront que c’est la plus ancienne région du Québec. À cela, d’autres répondront qu’il faut s’entendre sur le sens du mot région. Prenons prétexte de ce débat pour rappeler brièvement ce que l’équipe dirigeante de la collection entend par ce mot « région ». Un tel retour convient d’autant plus que Jean-Charles Fortin lui-même a jugé bon de le préciser en introduction au moment de justifier le découpage de la Montérégie administrative en trois régions historiques. En bref, l’IQRC n’a jamais songé là inscrire ses histoires régionales dans le cadre des dix puis des seize régions administratives. Déjà la première publiée, Histoire de la Gaspésie (1981), ne respecte pas les frontières de la région administrative de l’époque. Je crois même qu’il n’existait pas au départ de définition précise applicable à l’ensemble des régions retenues. Je dirais que la région de l’ IQRC est celle que l’on reconnaît de l’intérieur et de l’extérieur. Dans les mots de Fortin, « La région historique, c’est d’abord la région d’appartenance, celle que l’on nomme à demande, celle que l’on sait faire partie de l’univers mental de notre interlocuteur : l’Abitibi et la Beauce, la Gaspésie et le Saguenay, l’Outaouais et la Côte-Nord. […] Les régions qui possèdent le plus fort pouvoir d’évocation ne sont pas les plus anciennes : ce sont souvent celles qui ont été nommées dès leur ouverture par les propagandistes de la colonisation, avant La Première Guerre mondiale […] » (p. 14). Alors, est-ce trop simplifier que d’écrire : les régions des histoire régionales de l’IQRC sont des espaces d’histoire commune qui demeurent dans l’esprit des populations ? Quoique vraie, leur appellation peut varier. Ainsi en Montérégie, le Richelieu-Yamaska-Rive Sud pourrait s’appeler la « Montérégie du vieux terroir seigneurial » ; le Haut-Saint-Laurent, la « porte du Continent » ; le Piémont-des-Appalaches, la « Montérégie-des-cantons ». Comment délimite-t-on de tels espaces ? Nécessairement dans un dialogue entre des équipes locales de chercheurs et les responsables de la collection en tenant compte des avis de représentants des populations. Finalement, la qualité du découpage se vérifie dans la richesse et la cohérence du donné historique que l’on peut reconstituer. Pour ce qui est de la Montérégie, la division en trois régions s’avère excellente si l’on veut tenir compte des grandes variables que sont la géographie, l’histoire, le peuplement, le développement socio-économique et la culture. Au-delà des thèmes particuliers, l’histoire du Richelieu-Yamaska-Rive Sud se confond avec celle du rôle joué par les eaux qui la limitent ou la structurent : Saint-Laurent, Richelieu, Yamaska, lac Champlain. Quelle que soit la période, quel que soit l’objet du chapitre, toujours apparaît l’influence directe ou indirecte de cet axe hydrographique que renforcent canaux, routes et chemins de fer. C’est la grande constante régionale, la structure porteuse de l’histoire. Sur cette base s’implante et se développe une société, se déroulent des évènements. Les auteurs ont eu l’heureuse idée de ne pas suivre une chronologie trop rigide : des seize chapitres, aucun n’est circonscrit par deux années, le titre de chacun renvoie aux réalités caractéristiques d’une période, et celle-ci croise ses voisines. Il n’apparaît de dates limites que dans certaines sections. Le lecteur peut suivre les changements qui se multiplient sans perdre de vue …