Comptes rendus

Louis Guay, Laval Doucet, Luc Bouthillier et Guy Debailleul (dirs), Les enjeux et les défis du développement durable. Connaître, décider, agir, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 2004, 370 p. (Sociologie contemporaine.)[Notice]

  • Clermont Dugas

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  • Clermont Dugas
    Département des sciences humaines,
    Université du Québec à Rimouski.

Cet ouvrage collectif résulte d’une initiative de la Chaire UNESCO-Université Laval sur le développement durable. À l’approche du dixième anniversaire du Sommet de la Terre de Rio de 1992, des chercheurs de différents champs disciplinaires ont été invités à fournir des réflexions et analyses en relation avec le développement durable. Il en est sorti un document de 14 textes produits par 22 auteurs. Les textes sont regroupés en quatre sections au contenu plus ou moins homogène. Par sa référence à l’environnement et à l’économie, le concept de développement durable renvoie à des éléments et champs d’intérêt qui concernent tous les individus de la planète et à un degré quelconque pratiquement toutes les disciplines scientifiques. En raison de son contenu et de ses implications, il peut prêter à de nombreuses analyses et interprétations. C’est un aspect de cette réalité qui est mis en évidence dans ce livre. L’ensemble des articles contribue très bien à illustrer toute la richesse du concept tout en clarifiant des aspects importants et en donnant des exemples d’applications auxquelles il peut conduire. Certaines d’entre elles sont même plutôt inattendues. La multiplicité des angles de vision qui crée souvent un manque de cohérence dans un ouvrage collectif se présente comme un avantage dans le cas présent. Les analyses réalisées par différents spécialistes donnent au livre une valeur particulière. Les textes seront sans doute considérés d’intérêt inégal selon les domaines de préoccupation des lecteurs mais contribuent très bien par leur diversité à souligner les multiples dimensions du concept. Dans une longue introduction, Louis Guay fournit un intéressant historique de la mise en place du concept en en faisant remonter les premières formulations à la fin du dix-neuvième siècle. Il en fait aussi une première présentation en traitant notamment des principes et des moyens du développement durable. Quatre articles composent la première section de l’ouvrage intitulée : les aspects théoriques et méthodologiques du développement durable. On aurait pu ajouter le mot historique à ce titre car les considérations relatives à la mise en place du concept de développement durable prennent une certaine importance. Dans un premier temps, Jean-Guy Vaillancourt rappelle que ce n’est pas la Commission Brundtland qui a inventé le terme de développement durable et il fait état de nombreux travaux axés sur la protection de l’environnement antérieurs à 1988. Par après, il fait porter l’essentiel de son analyse sur Action 21, un volumineux plan d’action adopté au Sommet de Rio en 1992 pour réaliser le développement durable, et il fait état de diverses réalisations de ce plan d’action aux niveaux local et national. Tout comme le texte de Louis Guay, l’analyse de Vaillancourt contribue à informer sur la mise en place, la signification et la portée du concept de développement durable. D’autres auteurs reprendront par après des éléments de l’historique. Mais comme chacun le fait dans sa perspective en privilégiant des évènements particuliers, ce qui apparaît dans un premier temps comme des éléments répétitifs se révèle davantage comme des approches complémentaires. À l’instar d’autres auteurs, Corinne Gendron s’attarde aux définitions du développement durable puis présente les résultats d’une recherche sur le discours écologiste des dirigeants et évoque l’idée qu’un nouveau paradigme de développement est en voie de naître chez l’élite économique. Ronald Babin s’inscrit dans une perspective historique et considère qu’une modernisation sociétale pourrait résulter de l’application du développement durable. En s’interrogeant sur la forme de modernisation, il met en parallèle deux projets de modernisation : « la modernisation écologique de l’économie et la modernisation sociétale des conditions d’existence ». Il termine sa réflexion en évoquant des initiatives d’ONG et de mouvements sociaux pour modifier la gouvernance …