Comptes rendus

Louisa Blair, Les Anglos : La face cachée de Québec, Tome I : 1608-1850, Québec, Commission de la Capitale Nationale et Les Éditions Sylvain Harvey, 2005, 130 p.Louisa Blair, Les Anglos : La face cachée du Québec, Tome II : Depuis 1850, Québec, Commission de la Capitale Nationale et Les Éditions Sylvain Harvey, 2005, 132 p.[Notice]

  • Lilianne Plamondon

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  • Lilianne Plamondon
    Chercheure indépendante en histoire,
    Québec.

La région de Québec compte aujourd’hui 10 000 anglophones, soit environ 2 % de la population, alors qu’au XIXe siècle ils représentaient près de 45 % des habitants de la ville. Pierre Boulanger, président et directeur général de la Commission de la Capitale Nationale, souligne en avant-propos qu’il « convenait de redonner aux anglophones la place et le mérite qui leur reviennent de plein droit » dans l’histoire de la ville de Québec. L’histoire des « Anglos » de Québec est une histoire méconnue que Louisa Blair a voulu faire découvrir au plus grand nombre de personnes possible, francophones et anglophones. Le premier volume porte sur la période s’étendant de 1608 à 1850 alors que le second couvre la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Pour sa recherche, Louisa Blair a eu recours surtout aux ouvrages déjà publiés mais aussi, en ce qui concerne le deuxième tome, à des entrevues, des récits personnels et des chroniques familiales. Dans les deux volumes, différents thèmes sont regroupés à l’intérieur d’une division chronologique. La planification de chaque chapitre présente un défi de taille. L’histoire politique, l’économie, la vie religieuse, l’organisation sociale, la langue, l’identité nationale sont abordées à travers des témoignages et des anecdotes qui rendent les deux ouvrages vivants et fort intéressants à lire tant pour les initiés que pour le grand public. Dans le premier tome, on retrouve deux grandes périodes : 1608-1760 et 1760-1850. L’introduction à la période de la Nouvelle-France se fait sur le ton léger de la caricature de façon un peu surprenante pour une publication dont on ne doute pas de la rigueur intellectuelle : « Les Européens entreprirent d’abord de coloniser le Canada pour deux raisons saugrenues : les catholiques mangeaient du poisson le vendredi… et les notables trouvaient les chapeaux de castor très seyants. Deux siècles durant, ces frivolités… ». Louisa Blair démontre ensuite avec exemples à l’appui que les colonies française et anglaise n’étaient pas imperméables l’une à l’autre : les raids de part et d’autre ramenaient des prisonniers qui étaient souvent rachetés pour devenir domestiques, adoptés par des familles dans le cas des enfants ou hébergés dans des communautés religieuses. Après la Conquête, mais surtout après la guerre d’Indépendance américaine, la population d’origine britannique de la ville augmente constamment de même que le nombre de militaires. La création des États-Unis d’Amérique amène à Québec un flot d’immigrants fidèles à la couronne britannique : les loyalistes. Industrieux, ils impriment leur marque sur la vie économique de la ville et de la colonie. Toutefois, le grand tournant dans le développement de la ville est relié aux guerres napoléoniennes et au blocus que subit la Grande-Bretagne. Au début du XIXe siècle, le commerce du bois, puis un peu plus tard, la construction navale connaissent un essor fulgurant. La main-d’oeuvre est fournie par une immigration abondante qui se fait massive dans les années 1830 et 1840 surtout en provenance d’Irlande et d’Écosse. Le premier tome se termine sur une présentation des aspects surtout tragiques de l’immigration irlandaise alors que le deuxième tome aborde les années 1850 à nos jours, réparties en trois périodes : 1850-1918, 1918-1976 et depuis 1976. Encore une fois, Louisa Blair réussit à regrouper des aspects de la vie à Québec à travers les événements internationaux, nationaux et locaux qui marqueront les relations des « Anglos » avec leur ville et leurs concitoyens. On y découvre leurs institutions, les immigrants venus des îles britanniques, la présence irlandaise toujours aussi forte quoique déclinante et enfin la capacité d’adaptation des Anglos à leur nouveau statut de minoritaires. En 2005, les Anglos …