Comptes rendus

Gouvernement du Québec, Indicateurs de l’activité scientifique et technologique au Québec : compendium édition 2005, Québec, Institut de la statistique du Québec, 2005, 249 p.[Notice]

  • Louis Guay

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  • Louis Guay
    Département de sociologie,
    Université Laval.

L’Institut de la statistique du Québec publie, en 2005, sa neuvième édition des indicateurs de la science et de la technologie. Ce document décrit, quantitativement, l’évolution récente de l’économie du savoir au Québec. Les données sont établies sur des périodes relativement courtes : la plupart depuis les années 1990, certaines sur de plus courtes périodes encore, alors que, par manque de données, les périodes plus longues ne sont pas représentées. La publication est divisée en deux : la première partie résume la seconde qui présente la vaste gamme de données et de tableaux sur laquelle les résumés de la première sont établis. Cette division mérite d’être notée, car, sauf les chercheurs et les décideurs en matière de politique scientifique et technologique, peu de lecteurs consulteront la seconde partie. Il y a beaucoup de choses dans ce compendium, et un peu pour tous les goûts. L’Institut couvre un vaste territoire : des dépenses, privées et publiques, de recherche et développement (R-D), absolues et relatives, comparées par pays et, à l’occasion, par provinces, au taux de branchement Internet en passant pas les brevets, les publications scientifiques, la main-d’oeuvre dans le domaine et les répartitions régionales des activités scientifiques et technologiques. Le document est présenté avec un souci d’économie, en s’affichant en noir et blanc, sur des graphiques et tableaux simples, voire parfois rudimentaires, qui contrastent avec d’autres publications gouvernementales plus attrayantes, pour ne pas dire aguichantes. Le « puritanisme » de la publication est-il conscient, désirant rappeler, selon la thèse – controversée – de Merton, le creuset religieux de la science moderne ? Dans ces statistiques, on peut y voir une bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Les dépenses de R-D « intra-muros » se sont notoirement accrues au Québec depuis une décennie. En 2003, le rapport des dépenses pour la R-D en proportion du produit intérieur brut (PIB) situe le Québec en tête de liste, à 2,67 %, supérieur à celles de l’Ontario, avec qui on aime bien le comparer, et au cinquième rang des pays de l’OCDE (p. 19-20). Une telle statistique a de quoi fouetter la fierté nationale et annonce des jours meilleurs, s’il est établi que l’économie et le standard de vie de demain seront animés par l’innovation sous toutes ses formes, et principalement l’innovation technologique. La statistique est indicatrice d’une tendance, mais elle est un peu trompeuse : les statisticiens sont-ils convaincus de comparer des comparables ? On compare une province, ou région canadienne, avec des pays, certes de taille et de revenus par habitant fort différents. Ne faudrait-il pas comparer le Québec avec des États américains de taille démographique plus proche (le Massachusetts, le Minnesota ou la Caroline du Nord, par exemple), avec des länder allemands (la Bavière ou la région de Stuttgart, peut-être), des régions françaises ou anglaises ? Les comparaisons pourraient, dans ces cas, ne pas si bien faire paraître le Québec… D’autre part, d’autres données sont moins reluisantes : le taux de branchement à l’Internet et l’informatisation de la population du Québec (un écart de 12 % par rapport au Canada dans son ensemble, même s’il se rétrécit) traînent de la patte (p. 61). Enfin, il est des données qui mériteraient une interprétation un peu plus réservée. Que l’augmentation, par exemple, des inventions brevetées soit « la meilleure performance parmi les pays du G7 » (p. 54) est de l’inflation verbale, quand le Québec produit moins de 800 inventions brevetés par année, alors que les États-Unis, à qui on le compare dans le tableau, en émettent plus de 90 000 : un bon statisticien fait normalement preuve de prudence quand …