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Cet ouvrage, sous la forme d’un recueil de textes, traite des principales questions entourant l’histoire des relations internationales du Québec. S’il est impossible de rendre justice à ses 26 chapitres et aux 20 auteurs qui y ont contribué, soulignons que Benoît Pelletier, ministre du gouvernement québécois, l’a préfacé et que Stéphane Paquin, qui en a assuré la direction, a écrit huit des chapitres, dont un corédigé avec Louise Beaudoin. L’ouvrage consiste en un tour d’horizon qui, dans un ordre essentiellement chronologique, s’attarde aux dimensions identitaire et politique au centre de l’action internationale du Québec. Celles-ci gravitent autour des relations avec la France et la Francophonie, auxquelles sont consacrés, entre autres, des chapitres écrits par Stéphane Paquin, Frédéric Bastien, Philippe Poulin, Louise Beaudoin et Bernard Dorin. Le volet économique, qui tourne autour des relations du Québec avec les États-Unis, n’est pas pour autant négligé et fait l’objet de chapitres rédigés notamment par Louis Balthazar, Marc-André Bergeron et Jean-François Lisée.
Paquin rappelle qu’à leurs débuts les relations extérieures du Québec avaient des motifs économiques, ce dernier tenant à attirer les investisseurs, immigrants et touristes ou à trouver des débouchés pour les produits québécois. Des bureaux commerciaux furent, par intermittence, ouverts et fermés à Londres, Paris, New York ou en Amérique latine. Ce n’est toutefois qu’à partir des années 1960 que l’on peut vraiment parler d’une politique internationale dans le cas du Québec. Avec la Révolution tranquille, le Québec tient à participer à la vie internationale dans les domaines qui relèvent de ses champs de compétence constitutionnels, dont au premier chef l’éducation et la culture, et qui sont jugés fondamentaux pour le développement et l’épanouissement de la société québécoise. Sous le gouvernement de Jean Lesage, trois événements d’importance vont contribuer à institutionnaliser les relations internationales du Québec : l’ouverture de la Maison (plus tard, la Délégation générale) du Québec à Paris ; la conclusion de la première « entente » avec la France en matière d’éducation, un domaine clé de la coopération franco-québécoise ; et la formulation de la doctrine Gérin-Lajoie, qui a constitué la base juridique de l’action internationale du Québec et à laquelle ont souscrit tous les gouvernements québécois qui se sont succédé depuis 1965. Un chapitre rédigé par Nelson Michaud clarifie le contenu et l’évolution de cette doctrine et montre en quoi elle continue de fonder l’action internationale du Québec.
La doctrine Gérin-Lajoie, du nom du ministre de l’Éducation de l’époque qui l’a mise de l’avant tout en étant associé aux premières initiatives internationales du Québec, est aussi connue comme l’idée du prolongement externe des compétences internes. Même si des traités internationaux ne peuvent être conclus que par le Canada qui, seul, jouit de la pleine souveraineté en droit international, leur mise en oeuvre relève des provinces lorsque ceux-ci touchent à leurs juridictions, et de là l’idée que les provinces négocient elles-mêmes leurs propres « accords » dans leurs champs de compétence. Aujourd’hui, l’action internationale du Québec est rendue encore plus nécessaire du fait de la mondialisation qui touche à des domaines relevant de plus en plus des compétences provinciales.
Le gouvernement fédéral estime que le Canada ne doit avoir qu’une voix sur la scène internationale et s’est donc généralement opposé aux activités internationales du Québec, quoique, dépendant des circonstances et des gouvernements en place, Ottawa se soit révélé plus ou moins coopératif. Face à cette opposition, le gouvernement québécois s’est tourné vers la France, son allié naturel et indéfectible. La seconde moitié des années 1960 a été marquée par une bataille avec Ottawa relativement à la participation du Québec à l’Agence de coopération culturelle et technique, un organisme-phare de la Francophonie, au sein de laquelle il a obtenu le statut de « gouvernement participant ». Ce précédent a servi plus tard à établir les conditions de sa participation aux Sommets francophones. Si le Québec a tenu à agir de manière directe et indépendante sur le plan international, il a aussi, en d’autres temps, tenu à agir de concert avec la diplomatie canadienne.
Au cours des dernières années, plusieurs ouvrages ont été consacrés aux relations internationales du Québec. Il s’agit aussi d’un champ d’étude qui compte au moins deux générations de spécialistes reconnus. Dans ces conditions, tout nouvel ouvrage risque de n’ajouter qu’un titre à un domaine de recherche déjà bien couvert sans être en mesure d’y apporter une réelle contribution. En cela, on peut regretter, par moments, le caractère surtout descriptif du présent ouvrage, qui laisse moins de place à l’analyse. Son principal apport réside dans le tour d’horizon chronologique qu’il effectue des relations internationales du Québec ne négligeant aucune facette majeure et en faisant appel à des auteurs non seulement québécois mais aussi français (Jacques Portes, Maurice Vaïsse). En plus des thèmes et des auteurs déjà mentionnés, soulignons des contributions de Samy Mesli, Robert Aird, Serge Granger, Jacques Frémont, Pierre Duchesne, Stéphane Roussel, Jean-Pierre Charbonneau et Dominic Dumont, ainsi que Jean-Marc Blondeau. Conçu pour s’adresser à un large public, l’ouvrage est bien écrit, sa lecture aisée et agréable. Il peut donc contribuer à la diffusion de la connaissance des relations internationales du Québec et, par extension, de celles des États fédéraux et de leurs entités fédérées.