PrésentationLa ville de Québec : contrastes anciens et nouveaux[Notice]

  • Andrée Fortin et
  • Richard Marcoux

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  • Andrée Fortin
    Département de sociologie,
    Université Laval.

  • Richard Marcoux
    Département de sociologie,
    Université Laval.

La Ville de Québec, qui célèbre son 400e anniversaire en 2008, est avant tout reconnue pour la beauté de son cadre physique, notamment de son arrondissement historique inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais derrière ses vieilles pierres et à l’ombre de son célèbre château, Québec a une histoire marquée de contrastes et de contradictions, et a connu de profondes transformations à travers le temps, sur le plan social, démographique, économique et politique. C’est de cette ville bien vivante, cachée derrière des images de cartes postales, que traite ce numéro de Recherches sociographiques. Ce n’est pas le premier numéro que Recherches sociographiques consacre à la ville de Québec. Il y a plus de 25 ans paraissait un numéro intitulé tout simplement « la ville de Québec » (1981, vol. 22, 2). Déjà dans le tout premier numéro en 1960, on évoquait une enquête sur l’habitation à Québec et le 3e numéro, en 1960 toujours, présentait une analyse statistique de la ville et de sa banlieue. La revue, au fil des ans, s’est arrêtée à plusieurs reprises sur les dynamiques urbaines : en 1968, un numéro avait porté sur l’urbanisation de la société canadienne-française ; en 1978, un autre analysait les structures urbaines, et en 1993, paraissait un numéro sur Montréal. Québec : « une ville américaine moyenne, unique en son genre », écrivait Gérald Fortin en 1981. Certaines des contributions de ce numéro cherchent à cerner si cette caractérisation tient toujours : en quoi serait-elle une ville « américaine moyenne » et « unique en son genre » ? Son caractère américain lui vient-il de son étalement et ses banlieues ? Si l’étalement semble se poursuivre, Paul Villeneuve et Catherine Trudelle observent que Québec connaît actuellement, comme plusieurs autres villes d’Amérique du Nord un processus de « renaissance » urbaine : reprise démographique des quartiers centraux et interventions publiques favorables à ceux-ci, montée des activités dites du « tertiaire supérieur », féminisation de la main-d’oeuvre, etc. La dynamique au centre, celle dans la banlieue et le rapport entre les deux apparaissent de plus en plus complexes, et porteurs de contrastes, anciens et nouveaux. Par ailleurs, le caractère unique de Québec tient certainement à sa longue histoire et au français qui y est parlé par tous, même les anglophones, comme l’illustre la contribution de Marie-Odile Magnan. L’homogénéité linguistique de la capitale, qui frappe la plupart des observateurs, est toutefois relativement récente et ne devrait pas faire oublier que Québec a été pendant une bonne partie du 19e siècle une ville nettement plus cosmopolite (St-Hilaire et Marcoux, 2004). Ainsi, la population d’origine britannique a pu être évaluée à plus ou moins 40 % de l’ensemble de la population de la ville de Québec lors des recensements de 1851 et 1861 (Drouin, 1991). Il n’est donc pas étonnant, comme l’illustre la contribution de Johanne Daigle et Dale Gilbert, de constater que certaines institutions confessionnelles anglophones aient joué un rôle important dans la mise en place de services sociaux d’aide à l’enfance dans la ville de Québec à partir de 1850. Néanmoins, le phénomène de franco-canadianisation, amorcé durant la deuxième moitié du 19e siècle, s’est fait progressivement à travers un double mouvement, le départ des populations anglophones et l’arrivée des populations francophones des zones rurales québécoises (St-Hilaire et Marcoux, 2001 ; Marcoux et St-Hilaire, 2004). Ceci a du coup empêché l’éclosion de clivages linguistiques, qui s’observent à Montréal, ou de clivages ethniques, comme ceux que l’on retrouve dans plusieurs villes des États-Unis. Cette relative homogénéité sociale confère à Québec …

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