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Cet ouvrage sous la direction de Rémi Tourangeau est plus qu’un simple dictionnaire. Après avoir défini le jeu scénique en général, il en présente les différentes formes au Québec, par genre et par région. On y trouve aussi de brèves biographies des auteurs des principaux jeux, de nombreuses photos, près de cent pages de bibliographie, et bien sûr une fiche sur chacun de ces jeux, dont la longueur varie selon les sources disponibles d’une dizaine de lignes à quelques pages.
Qu’est-ce qu’un jeu scénique ? Une « oeuvre théâtrale populaire », qui relève souvent plus du spectacle que du théâtre proprement dit. Des exemples connus ? La Fabuleuse histoire d’un royaume, présentée à La Baie depuis 1988, ou dans un autre registre, un Chemin de croix comme celui monté par les protagonistes du film Jésus de Montréal…
L’équipe de Tourangeau a recensé quelque 440 de ces jeux scéniques, dont la plupart ont été présentés lors d’une occasion spéciale : anniversaire d’une localité ou d’une institution, ou encore hommage à un personnage important de l’histoire locale ; autrement dit, ces jeux célèbrent ainsi une identité collective. Trois moments marquent l’histoire plus que centenaire de ces jeux, les dates charnières étant 1938 et 1965. Le premier temps se clôture avec les fêtes du tricentenaire de Trois-Rivières (1934) et du centenaire de Sherbrooke (1937) ; les jeux de cette première période sont des « mises en espace plutôt réalistes de l’histoire du pays et des régions » (p. 5). La deuxième époque, où apparaît une dimension symbolique ou allégorique, est la plus prolifique (près de 300 jeux). La dernière période, contemporaine, est marquée par plusieurs « spectacles à grands effets ».
Ces jeux scéniques peuvent être abordés par la forme : spectacles (en général, scéniques ou dramatiques), jeu proprement dit (par tableaux, chorals, allégoriques, par pantomime ou chronique), poème dramatique ou jeu à forme hybride. Quelle que soit leur forme, ils sont marqués par une grande division en matière de contenu profane ou religieux : il y a les jeux de localité, d’événements, d’associations, de mouvements et groupes divers, les jeux de fondateurs, ceux d’établissements scolaires et hospitaliers, les jeux biographiques, les jeux bibliques, ceux de la passion, les jeux marials, ecclésiastiques, hagiographiques et ceux de moralité, encore que ces catégories se chevauchent parfois.
Le texte introductif est particulièrement intéressant pour mieux comprendre cet aspect méconnu de la culture populaire québécoise. La partie « dictionnaire » proprement dite est suivie de longs textes où est discuté le contenu des jeux plus en détail et présentant des panoramas par genre et par région. Bref voilà un document précieux pour qui s’intéresse à l’histoire du théâtre au Québec, au théâtre amateur et à la culture populaire.