Comptes rendus

Pierre Pagé, Histoire de la radio au Québec : information, éducation, culture, Montréal, Éditions Fides, 2007, 491 p.[Notice]

  • Marie-Thérèse Lefebvre

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La fondation de l’Association des études sur la radio-télévision canadienne (AERTC) en 1978 et la création, trois ans plus tard, du Concordia Centre for Broadcasting Studies par Howard Finck, sont en grande partie à l’origine du développement des recherches sur la radio. La diffusion des travaux fut assurée de 1993 à 2004 par la revue Fréquence/Frequency qu’a fondée et dirigée pendant ces dix années Pierre Pagé, alors professeur associé à l’UQÀM et membre-fondateur de l’AERTC. Que de chemin parcouru par ce chercheur depuis la parution chez Fides en 1975 de son premier ouvrage, Répertoire des oeuvres de la littérature radiophonique 1930-1970, suivi, l’année suivante, d’une première analyse de contenu, publiée conjointement avec Renée Legris (qui se spécialisera par la suite sur les écrivains radiophoniques) : Le comique et l’humour à la radio québécoise : aperçus historiques et textes choisis, 1930-1970. Pierre Pagé a publié en effet, à partir de 1993, une dizaine d’articles sur le développement de la radio au Québec dont on retrouve une première synthèse dans le présent volume, illustré de 18 pages de photographies qui donnent vie aux personnages principaux. Une bibliographie, une chronologie détaillée et un index complètent la présentation. Si les ouvrages de référence de Michael Nolan (1989), Mary Vipond (1992 et 1994), Marc Raboy (1996) et Alain Canuel (2002) analysent davantage les décisions politiques entourant la création d’une radio d’État et les réactions épidermiques de la radio privée, selon des périodes définies, le travail de Pierre Pagé a le mérite d’explorer en profondeur et de manière thématique l’ensemble du phénomène radiophonique au Québec. Dans son avant-propos, l’auteur précise d’abord les limites de cette étude. Ainsi, seule la région de Montréal sera retenue, et seront exclues de cette histoire la radio anglophone, les émissions de variétés, la publicité, les émissions enfantines et la radio scolaire. Il explique brièvement, avant d’entrer dans le vif du sujet, comment s’est effectué le passage d’une radio culturelle (publique et privée) au service du public durant cinquante ans (1930-1980) à une radio (et télévision) purement commerciale relevant désormais, depuis 1980, des critères de l’industrie et de la rentabilité. Commence alors le récit de l’aventure radiophonique québécoise. Divisée en cinq parties, l’étude présente d’abord un survol de l’histoire des technologies qui ont permis l’avènement de ce nouveau média. L’auteur souligne l’importance des chercheurs de l’Université Laval dans les premières expériences de la TSF ainsi que la présence de pionniers de la recherche à Nicolet et à Saint-Hyacinthe. Il mentionne que les éléments de base de la TSF étaient enseignés dans les académies scientifiques et commerciales, rappelant au passage que, dans les années vingt, outre les vingt collèges classiques existant au Québec qui recevaient environ 8 000 élèves, il y avait, ce qu’on oublie trop souvent, plus de 200 académies offrant l’équivalent d’un cours secondaire avancé à plus de 60 000 élèves. On y apprend aussi que durant les sept premières années (1922-1929), différents postes se partageaient une seule longueur d’ondes, 411 mètres, et que la programmation était bilingue. Et pourtant, on persiste à dire que le poste CKAC a été la première station francophone… Bien que l’auteur n’y fasse aucune allusion, cette partie consacrée au bilinguisme de la station (pages 220-235) nous semble vouloir réfuter certains arguments de Michel Filion qui défendait dans Radiodiffusion et société distincte : des origines de la radio jusqu’à la Révolution tranquille au Québec (Laval, Méridien, 1994) la thèse selon laquelle l’unilinguisme francophone de cette station l’aurait protégée de l’américanisation. Dans les chapitres suivants, l’auteur aborde le sujet de manière chronologique et thématique, consacrant des analyses substantielles aux quatre secteurs privilégiés par la radio …

Parties annexes