Comptes rendus

Luc Godbout et Suzie St-Cerny (dirs), Le Québec, un paradis pour les familles ? Regards sur la famille et la fiscalité, Les Presses de l’Université Laval, octobre 2008, 280 p.[Notice]

  • Guy Fréchet

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Luc Godbout, professeur au Département de sciences comptables et de fiscalité et chercheur à la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, en compagnie de sa collègue Suzie St-Cerny, professionnelle de recherche à la Chaire, se sont risqués à publier un ouvrage au titre quelque peu provocateur : le Québec serait-il devenu un paradis pour les familles, là où la pauvreté est réputée si étendue ? Les auteurs en effet ont souhaité que leurs concitoyens puissent réaliser l’effort que l’État a consenti au Québec depuis un certain nombre d’années à l’endroit des familles – des initiatives nombreuses et des transferts en argent dont bien peu de personnes seraient en mesure de situer la hauteur. Cet État en aurait tellement fait depuis quelques années que la question du « paradis pour les familles », suivi du point d’interrogation, se poserait ainsi de façon légitime. Les auteurs se sont posé de multiples questions et ont tenté d’y répondre à l’aide de données à jour, présentées dans des tableaux tout à fait accessibles et d’une grande clarté. Avant d’y arriver, ils ont survolé les questions de démographie et de natalité, brossé un portrait statistique des familles, analysé le coût des enfants, fourni quelques éléments de la politique familiale, décrit les programmes de soutien financier aux familles et présenté leur méthode. Leurs constats portent ensuite sur le soutien aux familles en 2008, ses interactions avec le revenu familial, l’évolution de ce soutien de 2000 à 2008, comment se compare le Québec. Les auteurs terminent avec quelques axes de réflexions, que ce soit sur l’apport des frais de garde à contribution réduite (garderies à 7 $) et son impact sur les taux d’emploi des femmes, sur le régime d’assurance parentale, sur les recompositions familiales, etc. Les auteurs avancent qu’une famille pauvre, avec deux enfants, dont les revenus ne sont que de 25 000 $, peut compter sur un revenu disponible annuel de 38 000 $ après impôts, cotisations sociales et prestations. Pour une famille, dont le revenu atteint 50 000 $, le revenu disponible est d’environ 48 000 $. Deux personnes gagnant 75 000 $, toujours avec deux enfants, ont un revenu disponible de 61 000 $ environ (p. 126). Diverses hypothèses de revenu et divers cas sont ainsi examinés, familles monoparentales, familles biparentales, etc. On pourrait ajouter à cela que même au salaire minimum à temps plein, le revenu disponible est doublé avec deux enfants (de 15 000 à 30 000 $), ce que peu de gens doivent savoir mais qu’il est possible de vérifier avec l’addition de tous les programmes de transferts. Vouloir augmenter ce salaire minimum est une chose, mais l’impact d’une telle initiative demeurera toujours bien marginale à côté de ce que procurent les transferts gouvernementaux à l’intention des familles. « C’est au Québec que la proportion du revenu de travail qui reste disponible à la famille, une fois considérés les prestations, impôts, cotisations sociales et les frais de garde, est la plus élevée, et ce, en regard d’une sélection de pays du G7 et de pays nordiques » (p. 241). Les auteurs espèrent que les perceptions à cet égard vont suivre, de sorte qu’on réalise que le Québec a clairement fait le choix des familles. Un colloque en novembre 2008 a aussi permis d’appuyer la sortie du livre, dans lequel on retrouve également, sous forme d’encarts, les contributions de plusieurs des spécialistes invités à cette occasion, ainsi que de quelques autres (Jacques Légaré, Pierre Fortin, Ruth Rose, Jean-Yves Duclos, Alain Noël, près d’une quinzaine en tout). Ceux-ci ne se situent pas nécessairement toujours dans …