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Parmi les retombées durables de la commémoration du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, il faut dès maintenant faire une place toute spéciale au remarquable ouvrage signé par quatre historiens attachés à la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec. Projet « ambitieux » selon les auteurs, inspiré et activement soutenu par le secrétaire général de l’Assemblée nationale, François Côté, bénéficiant de l’appui du président de l’institution (2003-2008), Michel Bissonnet, Québec, quatre siècles d’une capitale constitue une réussite autant comme oeuvre de synthèse que comme ouvrage de référence, selon les objectifs fixés au départ.

Axé sur le rôle de Québec comme « lieu de pouvoir » pendant presque toutes les années de son existence, le livre déborde largement le cadre de la naissance et de l’évolution de ce lieu et offre en réalité un original et riche tableau d’ensemble de l’histoire politique du Québec. Présentant dans une première partie les cent cinquante années du Régime français comme une période de mise en place « des contours premiers et fondateurs » de la capitale», les auteurs ont choisi pour en rendre compte une approche thématique plutôt que chronologique, structurant l’exposé autour de l’établissement et de la consolidation de Québec comme capitale de la Nouvelle-France, de l’exercice du pouvoir, des premières formes de représentation et de revendication citoyennes, de la vie religieuse et intellectuelle et de l’activité militaire. Les quatre autres parties de l’ouvrage correspondent au découpage devenu classique : « La conquête et le régime britannique, 1759-1838 », « La capitale incertaine, 1838-1867 », « Québec, capitale de la province, 1867-1960 », « La capitale du Québec moderne, 1960-2008 ».

Pour chaque période, tous les faits et événements de quelque importance au titre du politique, pour autant qu’un non-spécialiste puisse en juger, sont relatés et décrits, mais, surtout, les auteurs ont le souci constant d’en dégager le sens et la portée : concentration du pouvoir et étroite connivence entre l’Église et les représentants du roi dans la société coloniale du Régime français ; apprentissage de la démocratie parlementaire et éveil de la conscience nationale vite réprimé par le pouvoir impérial avec l’appui de l’Église entre la Conquête et l’Union ; confusion et incertitude dans la soumission politique imposée, toujours avec le concours de l’autorité religieuse, sous l’Union ; loyalisme et prédominance de l’idéologie de la survivance durant le siècle suivant ; éclosion d’un État moderne dans la mouvance de la Révolution tranquille et polarisation autour de la question identitaire et de celle de l’avenir politique et constitutionnel du Québec depuis 1960.

La colline parlementaire étant, plutôt que la mairie, le foyer principal de l’histoire qu’ont voulu retracer les auteurs, l’ouvrage rend compte de l’évolution de la ville et de l’agglomération de Québec de période en période, ne retenant cependant que les éléments principaux des dimensions physiques, démographiques, économiques, administratives, sociales et culturelles de cette évolution. Pour aller plus loin à cet égard, on pourra se reporter à la monumentale Histoire de Québec et de sa région parue également en 2008 aux Presses de l’Université Laval.

Synthèse et ouvrage de référence, Québec, quatre siècles d’une capitale appartient aussi au rayon des « beaux livres » par sa présentation typographique soignée, par la richesse de son iconographie aussi bien que par sa tenue linguistique impeccable, à quelques très rares exceptions près (on s’étonne d’autant plus de voir attribuée – note 58, page 633 – à Simon Langlois et au signataire du présent compte rendu une anthologie sur la démocratie au Québec publiée par Michel Lévesque).

Autre apport des Publications du Québec à la commémoration du 400e anniversaire de Québec, Québec, la capitale romantique s’ouvre sur un court récit de Chrystine Brouillet, « Là où tout a commencé », évoquant une rencontre qui rapproche un couple au terme d’un tour de ville à Québec, mais consiste surtout en un album de quelque cent cinquante photographies toutes personnelles de Luc-Antoine Couturier qui resteront comme un témoignage visuel de ce qu’est devenue la ville de Québec quatre cents ans après sa fondation.