Comptes rendus

Léo-Paul Hébert, Les Clercs de Saint-Viateur au Canada – 1947-1997, Québec, Septentrion, 2010, 996 p.[Notice]

  • François De Lagrave

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En France, en 1830, sous la Restauration, six mois avant les Trois Glorieuses, le roi Charles X approuvait de son sceau une nouvelle congrégation religieuse appelée les « Clercs paroissiaux ou Catéchistes de Saint-Viateur », la congrégation des CSV, fondée par l’abbé Louis Querbes, curé de Vourles, paroisse sise dans le diocèse de Lyon. Huit ans plus tard, le pape Grégoire XVI y ajoutait déjà l’approbation pontificale. Ses disciples étaient destinés à oeuvrer modestement surtout dans les campagnes, contrairement aux membres de l’Institut des Frères des Écoles chrétiennes (FÉC), fondé aussi en France un siècle et demi plus tôt, mais dont les frères travaillaient principalement dans les villes et les gros bourgs. La nouvelle congrégation des CSV réunissait des prêtres et des frères, à l’encontre des FÉC, appelés les « Grands Frères », qui se sont toujours opposés à la présence de prêtres dans leur institut. Néanmoins, les deux congrégations, au 17e siècle comme au 19e, entendaient poursuivre le même but, soit la régénération chrétienne de la France par l’éducation profane autant que religieuse des enfants et des paroisses. En 1847, dix ans après l’arrivée des FÉC au Canada et trois ans avant le décès du père Querbes, trois frères des CSV mettaient pied à Montréal, puis rapidement à L’Industrie (Joliette), à l’invitation pressante de Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, ainsi que de Barthélemy Joliette, seigneur et fondateur de L’Industrie. Deux pères viatoriens français, provenant de l’État du Missouri, s’ajoutaient l’année suivante au groupe des trois frères. L’histoire de plus de cent cinquante années de l’oeuvre des CSV au Canada a été écrite par deux des leurs. Tout d’abord le frère Antoine Bernard, docteur en histoire, y alla de deux livres qui couvraient les deux premiers demi-siècles : 1847-1897 (en 1947) et 1897-1947 (en 1951). Quant à la période 1947-1997, elle a été aussi couverte courageusement par le père Léo-Paul Hébert, docteur en histoire, auteur de plusieurs études sur sa congrégation, et qui a publié à l’été 2010 un livre intitulé Les Clercs de Saint-Viateur – 1947-1997. Courageusement, certes, car ainsi que le déclare dans la préface Yvan Lamonde, historien de l’Université McGill, Léo-Paul Hébert « n’a pas craint cette mise à jour de la réalité, ce face à face avec une réalité menaçante ». Muni d’une fascinante mais imposante documentation, l’auteur a puisé abondamment dans les documents de première main et a offert à ses confrères, aux historiens ainsi qu’à un certain public une synthèse impressionnante de l’histoire des CSV au Canada, surtout au Québec. Celui-ci ne s’en cache nullement. À l’exemple de l’historien Nive Voisine, auteur en trois tomes d’une histoire des FÉC au Canada, Hébert a fait sien pour sa congrégation le même but : « Qu’ont-ils [les CSV] apporté d’original dans l’évolution de l’Église catholique et particulièrement dans l’histoire de l’éducation au Canada ? » Son exposé, au cours de tout près d’un millier de pages, se divise en trois parties : 1) « Vue d’ensemble » – (contexte, les CSV, le recrutement, la vie religieuse) ; 2) « Évolution de la congrégation » – un traitement en quatre périodes du demi-siècle) ; 3) « Les réalisations » – (l’éducation, la pastorale, les arts et les lettres, les manuels, les missions ou fondations, la cause du père Querbes). La lecture de ce livre nous apprend, toujours document à l’appui, que les religieux viatoriens, tant frères que prêtres, à l’école comme au service d’une paroisse, tout comme ceux d’autres communautés religieuses enseignantes, ont au cours de ce demi-siècle transmis un important legs dans le monde de l’éducation et de la pastorale. Leurs initiatives dans divers …