Comptes rendus

Jacqueline Cardinal et Laurent Lapierre, Guy Coulombe. Le goût du pouvoir public, Québec, Les Presses de l’Université du Québec, 2011, 99 p.[Notice]

  • Simon Langlois

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Guy Coulombe a fait partie – avec Michel Bélanger, Louis Bernard, Roch Bolduc, Pierre Martin, Yves Martin, Arthur Tremblay et quelques autres – de la première génération de grands commis de l’État québécois moderne issue de la Révolution tranquille, celle des hommes (les femmes viendront plus tardivement au pouvoir) qui ont eu « le goût du pouvoir public », pour reprendre le sous-titre si bien choisi de la trop courte biographie qui lui a été consacrée par deux chercheurs de la Chaire de leadership Pierre-Péladeau des HEC (Montréal). Trop courte en effet, décevante même, disons-le franchement, et à la hauteur ni du personnage ni de sa génération de hauts fonctionnaires. Guy Coulombe méritait mieux et le livre ne fait pas honneur aux presses universitaires qui l’ont publié. Il manque à cette biographie une description de l’époque dans laquelle a vécu celui qui en est l’objet, une analyse des principaux enjeux, des débats, des grandes décisions politiques qui permettent de comprendre et d’interpréter l’action et les idées du personnage dont on entreprend de cerner la vie, autant d’évocations qui font la différence entre une grande biographie qui résiste au temps et donne le goût d’en savoir plus au fil des chapitres et un collage de paragraphes qui s’apparentent trop à un curriculum vitae enrichi. Cet ouvrage a par contre l’intérêt de donner la liste impressionnante et la description des nombreux mandats et responsabilités de Guy Coulombe au cours de sa carrière, ce qui permet au lecteur d’avoir une bonne idée de l’action d’un haut fonctionnaire efficace exerçant le « pouvoir public » au cours de la Révolution tranquille et après. Autre mérite de l’ouvrage : les nombreux extraits d’entrevues accordées par Coulombe aux biographes. La vie privée de Coulombe est rapidement évoquée et les auteurs insistent sur les années de jeunesse, les années d’étudiant et celle de l’établissement en emploi. À la lecture, on voit bien que le jeune Guy Coulombe a vécu la transition entre l’ancien Canada français et le Québec moderne dont on devine les traits à travers les quelques faits rapportés. Fils d’un entrepreneur, enfant d’une famille bourgeoise à l’aise, il s’est volontairement éloigné de la « tradition familiale » qui l’appelait vers le monde des affaires. Ses frères ayant repris l’entreprise de leur père, il a choisi d’étudier la sociologie – une discipline alors presque inconnue au Québec – dans la faculté du père Georges-Henri Lévesque, puis de poursuivre des études au doctorat à l’Université de Chicago et d’entreprendre une recherche de terrain au Honduras à l’Université de Tegucigalpa – où il a failli s’établir – avant de revenir chez lui afin de travailler au Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ) à l’élaboration du plan de développement du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie dans les années 1960, son premier emploi. Bien que mince, c’est la partie la plus intéressante de l’ouvrage, car on y cerne la personnalité de Coulombe, les convictions qui l’ont guidé toute sa vie. Les expériences professionnelles qui ont été les siennes par la suite – le sauvetage de la préparation des Jeux olympiques de Montréal, la présidence d’Hydro-Québec, la direction de la Sûreté du Québec, l’occupation du poste de directeur général de la ville de Montréal, sans oublier les mandats et présidences de commissions diverses (le CHUM, la négociation avec les Innus, Le Devoir, Montréal international et d’autres) – sont bien évoquées dans l’ouvrage. À travers plus de quarante ans d’action de Guy Coulombe dans la sphère publique, c’est toute l’histoire contemporaine du Québec qui défile sous nos yeux. Préoccupé par « la question sociale » pendant ses années d’études à l’Université Laval, Guy Coulombe …