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Claude Corbo poursuit son travail d’historien sur la constitution de l’histoire de l’enseignement des arts au Québec en publiant Les arts, l’université, la politique culturelle qui réunit des textes de Noël Vallerand. Cet ouvrage se situe dans la continuité de son ouvrage précédent portant sur ce qu’on a dénommé le Rapport Rioux. Cette fois-ci, il a regroupé des écrits de Noël Vallerand dont les finalités sont diverses. Alors qu’il occupait des postes de gestion dans le milieu culturel et universitaire, Vallerand a produit un nombre important de documents destinés à l’élaboration de nouveaux programmes d’enseignement des arts à l’université et d’une politique culturelle de la musique. Sa connaissance de cette discipline artistique l’a aussi a mené à rédiger des textes critiques sur l’oeuvre de Gustave Malher.
La diversité des destinations de ces textes ne permet pas de les aborder avec une seule posture analytique. Mais retenons cependant qu’ils témoignent d’une solide connaissance de la pratique artistique et d’un engagement pour la défendre auprès des instances administratives. La lecture de ces textes donne l’impression que Noël Vallerand appartenait à une époque où les discours sur la culture, tenus dans le contexte de ces instances, n’avaient pas encore été atteints par la langue bureaucratique et pouvaient donner lieu à la présentation du cheminement d’une pensée critique.
Ainsi les extraits du Rapport sur le secteur des Arts (1973) choisis par Claude Corbo ont la consistance d’un véritable essai sur l’art. Afin de favoriser une meilleure insertion des programmes d’enseignement des arts à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Noël Vallerand propose une réflexion qui passe en revue diverses thématiques, au croisement de la réflexion sociologique sur l’art et des théories du processus de création artistique. Il fait valoir que les pratiques artistiques jouent un rôle déterminant dans l’univers des idées. Cette affirmation se situe en droite ligne de la sociologie de l’imaginaire de Pierre Francastel qui, au cours des années 1960, a développé le concept de pensée plastique afin de démontrer à ses collègues des sciences exactes et des sciences humaines que la pratique artistique avait développé ses propres schèmes cognitifs d’ordre visuel pour connaître le monde et le représenter. Noël Vallerand a aussi défendu cette idée auprès du milieu universitaire pour justifier l’insertion de la création artistique dans le champ des savoirs de cette institution. Et comme Francastel, il relève qu’elle conjugue savoirs techniques et connaissances théoriques ; un programme universitaire, écrit-il, doit articuler cette spécificité aux objectifs de son enseignement. Par ailleurs, comme le note Claude Corbo, sa réflexion se situe dans la continuité de l’avis favorable du Rapport Rioux (1969) à l’insertion de l’art dans le milieu universitaire ; cette situation, qui met les pratiques artistiques en contact avec d’autres savoirs et des enjeux professionnels, ne peut qu’être propice à la fin de leur marginalité sociale ou à leur reconnaissance au sein d’instances qui leur sont externes. Cet ouvrage donne donc une visibilité à un acteur de l’histoire de cette étape de l’institutionnalisation de l’art et met en valeur la vitalité de sa pensée, en synchronie avec les idées de son temps.