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L’ouvrage de Réjean Pelletier et de son équipe a pour but de dresser un portrait des partis politiques québécois contemporains (principalement de 1995 à 2008), au sein duquel est inclus le Bloc québécois car « c’est le parti du Québec le plus important sur la scène fédérale en termes de sièges à la Chambre des communes depuis l’élection de 1993 jusqu’à celle de 2001 » (p. 14-15). Bien que les partis politiques de la province n’échappent pas aux grandes tendances identifiées dans d’autres contextes (la désaffection de leurs membres, leur faible capacité d’encadrement programmatique, etc.), l’ouvrage présente une excellente genèse de la vie politique québécoise des dernières années tout en fournissant les repères historiques indispensables à sa compréhension.

Ce portrait s’organise autour de trois sections. La première peint un tableau historique des partis québécois, en revenant notamment sur le système de partis depuis 1867, leur financement, leur composition et la place des femmes au sein de ces formations. La deuxième interroge la place que revêtent les partis au sein de l’électorat et du gouvernement. Elle est structurée autour de thématiques variées, allant du positionnement des partis sur la scène politique à la structure de leurs appuis, en passant par le comportement de l’électeur québécois. S’y ajoutent également deux chapitres dont l’un pose la question de savoir si les partis tiennent leurs promesses, alors que l’autre analyse le degré de confiance que ces formations suscitent parmi l’électorat. La dernière section s’attarde sur chacun des partis « présents uniquement sur la scène québécoise et représentés en Chambre » (p. 12). Cette partie est plus diverse, notamment parce qu’elle reflète davantage les intérêts des chercheurs convoqués et s’inscrit dans la continuité de leurs travaux antérieurs. Ainsi, Vincent Lemieux offre une analyse du Parti libéral et le Parti québécois est passé en revue par Éric Montigny. Frédéric Boily fait le point sur l’Action démocratique du Québec tandis que Pascale Dufour met en évidence les changements apportés par l’émergence de Québec solidaire. Pour finir, Guy Lachappelle et Marie-France Charbonneau proposent une lecture du Bloc québécois.

En dépit de la présence d’un chapitre moins convaincant et relativement court sur la façon dont les professeurs d’universités positionnent les partis sur l’échiquier politique (section 2), Réjean Pelletier et son équipe signent un ouvrage complet et cohérent. On regrette cependant que la conclusion, bien qu’intéressante (autour de l’idée de « parti générationnel »), n’aborde que partiellement les apports de chacun des textes constitutifs de l’ouvrage. Il n’en demeure pas moins que la lecture de ce livre, notamment à la lumière du scrutin de septembre 2012, offre d’excellentes réflexions sur la structuration de la scène politique québécoise. Plus largement, les propos tenus montrent qu’au-delà des difficultés rencontrées par les partis, ils restent des éléments incontournables de la vie démocratique.