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Cet ouvrage collectif est issu d’un colloque qui s’est tenu à Montréal les 19 et 20 mai 2009. Organisé par l’Association internationale des études québécoises (AIEQ), cet événement voulait rendre hommage à Pierre Perrault, cinéaste et poète québécois, à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition. L’ouvrage reprend plusieurs contributions faites à ce colloque. En tout, huit auteurs provenant d’horizons variés (témoins de certains tournages, amis de Pierre Perrault, cinéastes professionnels, chercheurs universitaires) se donnent la tâche de revisiter l’oeuvre de Perrault. Trois thématiques organisent la présentation des textes.

Un premier chapitre thématique, « La transmission et la mémoire », offre un essai plutôt confus de Johanne Villeneuve (« Pierre Perrault et la question de la transmission ») et un vibrant témoignage du cinéaste Stéphane Drolet (« Un apprenti auprès de Pierre Perrault et de ses complices à la caméra : l’expérience du tournage de Cornouailles »).

Un deuxième chapitre thématique, « L’engagement et le citoyen », propose une série de trois textes autour de la dimension politique de la démarche cinématographique du réalisateur de Pour la suite du monde (ONF, 1963). Marion Froger (« Pierre Perrault en Abitibi ») explore la tétralogie abitibienne à partir des conceptions de la philosophe Hannah Arendt sur « le sens politique de la vie humaine ». Gwenn Scheppler cherche à comprendre le sens de « L’engagement politique de Pierre Perrault » à travers ses nombreuses déclarations publiques énoncées à différents moments de sa traversée cinématographique. Quant à Bernard Gauvin, l’un des personnages principaux dans le film de Michel Brault et Pierre Perrault, L’Acadie, l’Acadie?!?, il revient sur cette expérience (« Pierre Perrault en Acadie ») en montrant comment ce film a joué un rôle important dans la transformation d’une parole acadienne en conscience historique.

Une troisième thématique, « Les lieux et les territoires », complète ce recueil. Le cinéaste Denys Desjardins raconte comment il est retourné sur les traces de Pierre Perrault pour élaborer sa démarche personnelle (« L’engagement ou comment, me prenant pour Pierre Perrault, j’ai fait la découverte de ses découvrances »). Daniel Laforest (« Pierre Perrault entre ville et campagne ») examine les rapports entre ville, campagne et écriture à travers le travail radiophonique de Perrault, notamment dans Imageries sur ma ville et J’habite une ville (1965).

En guise de conclusion, Yves Lacroix se penche sur « La pérennité de Pierre Perrault » dans la mémoire collective.

Il faut s’y attendre, un ouvrage collectif de cette sorte peut manquer d’unité et certains de ses éléments peuvent être plus instructifs que d’autres. C’est un peu ce qui arrive avec Pierre Perrault : homme de parole. Reste que certaines contributions, je pense en particulier aux textes de Froger et Gauvin, améliorent notre compréhension du sens visé par une oeuvre qui, plus de dix après la mort de Perrault, intéresse plus que jamais les critiques littéraires et cinématographiques, sans oublier les praticiens des sciences sociales.