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Ce livre constitue, à mon avis, une véritable pièce d’anthologie décrivant le développement et l’évolution de la profession enseignante au Québec. On y retrouve des repères historiques et sociaux portant sur 150 ans. La première partie du livre porte sur la condition enseignante avant les années 1960. On y retrouve ce que le professeur Tardif nomme les fils rouges : exclusion, hiérarchisation, précarité, dévalorisation, mauvaises conditions de travail et de traitement, hétérogénéité des institutions, multiples hiérarchies professionnelles et domination masculine et religieuse sur cette fonction. Cette époque est aussi marquée par une forte disparité salariale non seulement entre les hommes et les femmes, mais aussi avec les enseignants anglophones qui bénéficient, entre autres, de conditions de travail supérieures. Ce qui est assez troublant, c’est que le professeur Tardif mentionne que, durant près d’un demi-siècle, l’enseignement s’est développé très lentement chez les franco-catholiques : sur 100 élèves inscrits en 1re année du primaire, seulement deux terminent leur secondaire en 1950. La deuxième partie de l’ouvrage porte sur la condition enseignante pendant la Révolution tranquille. Dans cette section, on assiste au développement de la profession enseignante à travers l’action unificatrice de l’État pendant la Révolution tranquille. Le syndicalisme prend, durant cette époque, une tendance de plus en plus gauchisante. La partie 3 porte sur le développement de la profession enseignante à travers l’évolution de la société québécoise à partir de 1980. De l’idéologie postmoderne au multiculturalisme, la profession enseignante subit des changements profonds. Les écoles privées prennent de plus en plus d’importance, les publics scolaires se diversifient et de nouvelles réformes et politiques éducatives voient le jour. Selon l’auteur, toutes ces politiques et réformes n’ont eu aucun résultat positif, depuis les États généraux de 1996, sur la réussite scolaire des élèves au Québec. La partie 4 porte sur la condition enseignante aujourd’hui. La précarité de l’emploi, la souffrance psychologique et le décrochage des jeunes enseignants y sont abordés. L’auteur conclut son livre sur une réflexion critique sur cette profession qui a de la difficulté à assurer ses assises intellectuelles et à définir son identité et son autonomie. Finalement, je ne peux que recommander la lecture de ce livre pour tous ceux qui oeuvrent de près ou de loin dans le domaine de l’éducation.