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Cet ouvrage est un collectif qui, comme quelques autres parus chez le même éditeur, fait suite au congrès de l’Association mondiale des sciences de l’éducation (AMSE) tenu à Sherbrooke en juin 2000. Divisé en dix chapitres auxquels s’ajoute une introduction signée de la main de la professeure Danielle Raymond (Université de Sherbrooke), il réunit des contributions en anglais et en français d’auteurs qui proviennent du Brésil, du Canada (Québec et Nouveau-Brunswick), de la République Tchèque et du Royaume-Uni.

Comme il arrive souvent dans ce genre de production, les textes varient en qualité et le contenu y est relativement disparate. On peut toutefois identifier un fil conducteur à l’ensemble des chapitres, à savoir que chacun aborde la question des rapports entre le développement professionnel des personnels qui oeuvrent en éducation (directions d’école, enseignants, formateurs, etc.) et les contextes institutionnels dans lesquels ils inscrivent leur pratique. Signalons d’ailleurs qu’afin d’accroître la cohérence de l’ouvrage, les textes ont été judicieusement regroupés en fonction des sites de développement professionnel qu’ils analysent : la formation initiale à l’enseignement (chapitres 1, 2 et 3) ; la formation continue des enseignants (chapitres 4, 5 et 6) ; la formation des administrateurs scolaires (chapitres 7 et 8) ; l’innovation pédagogique en milieu universitaire (chapitres 9 et 10).

Dans une certaine mesure, la thématique commune de la formation et du développement professionnel abordée par l’ensemble des auteurs permet une lecture « transversale » des différents chapitres. Ainsi, il apparaît que les réformes en éducation, qui se déroulent depuis plusieurs années un peu partout en Occident et qui interpellent l’ensemble des intervenants en éducation (formateurs universitaires, directeurs d’établissement, enseignants, étudiants, etc.), s’édifient sur la base de quelques leitmotivs. Pour ne nommer que les plus récurrents, pensons au réflexionnisme inspiré de Schön et à son corollaire, l’importance de reconnaître les savoirs issus de l’expérience, aux rapports nécessaires entre milieux de formation et milieux scolaires, à la prise en compte de la complexité et de la multidimensionnalité des situations d’intervention (on pense, entre autres, à la question de l’efficacité et de l’efficience de l’action qui se heurte très souvent à celle de l’éthique professionnelle) et, enfin, à l’approche socioconstructiviste de l’apprentissage. Mêmes questionnements qui traversent des pays aux traditions éducatives parfois éloignées, mêmes défis, d’un site de développement professionnel à l’autre.

Au-delà de ce qu’on pourrait appeler une certaine « mondialisation » des enjeux éducatifs et de la correspondance des réponses qu’ils suscitent, chacun des chapitres, à sa manière, permet de prendre la mesure des limites et des possibilités des différents lieux de formation et de l’importance des transformations exigées dans le contexte actuel. Se dessine alors en creux l’ampleur des changements nécessités par l’impératif fait aux acteurs de la formation de se rapprocher des lieux de pratique.

En somme, cet ouvrage a le mérite de susciter le questionnement sur la pertinence sociale et la capacité des milieux de formation universitaires à soutenir les personnels du système éducatif dans leur pratique.