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Le but de ce livre est d’introduire une cohérence entre des réflexions et des pratiques diverses sur l’apprentissage et l’enseignement des langues étrangères et de parvenir à réconcilier les acquisitionistes et les didacticiens. Dans la perspective de Vygotski et de Bruner, l’auteur attribue à la cognition et à l’interaction des rôles complémentaires dans l’apprentissage des langues. La classe de langue est un lieu d’appropriation dont la spécificité réside dans le contexte social où elle se déroule. Toute la problématique de la didactique des langues repose dans l’adéquation entre ce qu’on impose à l’apprenant et la réalité du travail individuel qu’il doit fournir pour s’approprier la langue.

L’ouvrage se divise en deux parties. La première (chapitres 1, 2 et 3) porte sur des questions théoriques et la deuxième (chapitres 4, 5, 6 et 7) présente des études empiriques.

Dans la première partie, les auteurs établissent les bases claires d’une réflexion sur l’apprentissage et sur l’enseignement des langues étrangères. Ils expliquent comment on peut concevoir l’objet commun des activités conjointes des apprenants et de leurs tuteurs, c’est-à-dire la langue et le langage. Ils essayent de définir un cadre sociocognitif pour l’apprentissage des langues. Cette partie se conclut sur les conditions et les enjeux spécifiques de l’apprentissage d’une langue étrangère en classe, c’est-à-dire un apprentissage en dehors des conditions de son utilisation sociale, dans un contexte social particulier et à un âge où la langue maternelle est déjà maîtrisée.

La deuxième partie du livre présente des études empiriques qui fournissent des éléments de réflexion dans la perspective sociocognitive décrite en première partie. La première étude analyse un corpus qui concerne l’apprentissage d’une structure grammaticale de l’allemand par une élève francophone en immersion dans une classe bilingue. Cette étude a permis aux auteurs de prendre conscience que l’analyse de l’apprentissage exigeait l’étude de son mécanisme interne et, donc, qu’il était nécessaire d’accorder une place centrale à la cognition individuelle. Le chapitre 5 mesure le décalage entre l’apprentissage réel et l’apprentissage légal. Dans l’étude suivante, les auteurs critiquent l’approche communicative parce qu’elle ne prend en compte la communication que dans son aspect pragmatique et non comme une action. L’adoption de cette perspective aurait conduit à modifier l’édifice didactique. La dernière étude, et conclusion à l’ouvrage, propose comme alternative possible une ouverture sur l’enseignement bilingue à l’école élémentaire.

L’ensemble de l’ouvrage stimule la réflexion sur la question posée et constitue une ressource intéressante, tant pour les étudiants et les enseignants, que pour les chercheurs du domaine de la didactique des langues. Cependant, il aurait été souhaitable de trouver une étude sur la question chez des apprenants adultes universitaires, pour examiner les similitudes ou différences à propos de ce que fait l’enseignant et de ce que font les élèves, par exemple. Cet ouvrage est recommandé aux spécialistes du domaine pour continuer à explorer d’autres voies sur la question.