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Cet ouvrage propose des distinctions dans la compréhension de récit lors d’un événement langagier. L’auteur nous fait découvrir différentes particularités qu’offre le récit. Il propose une réflexion sur la place du récit et ses différentes approches à l’école maternelle. Tout au long de l’ouvrage, l’auteur insiste sur la dimension non langagière de l’expérience narrative. L’expérience narrative, selon lui, fait référence à la façon de raconter et de déformer le schéma narratif. Par ailleurs, il souligne l’importance des enjeux relationnels dans l’expérience narrative, l’importance d’échanger, de confronter et d’interroger. De plus, il étudie le contexte dans lequel les objets langagiers se situent, le réseau des interactions sociales. C’est donc une mise en perspective des différents aspects, multidimensionnels, du phénomène langagier.

Les trois parties du livre, regroupées en huit chapitres, accompagnent le lecteur dès les premières pages. La première partie s’intéresse, dans son premier chapitre, à la dimension sociale du récit à l’école et ailleurs, alors que le deuxième chapitre présente trois moments différents de présentation du récit (moment de contage, de visionnage de dessin animé et d’exhibition d’album). La deuxième partie de l’ouvrage comprend quatre chapitres (3, 4, 5 et 6) et présente la démarche et le moment du récit en considérant les facteurs propres à l’enfant, les facteurs organisationnels, relationnels et métacognitifs de l’expérience narrative. En plus de considérer le domaine de l’écrit, l’auteur traite des dimensions liées à l’apprentissage (rôle de l’enfant) et à l’enseignement (rôle de l’adulte). Enfin, la troisième partie (chapitres 7 et 8) se rapporte à des énoncés plus personnels (création, interprétation, contradiction, identité, etc.)

Les dimensions non langagières du récit traitées dans cet ouvrage nous amènent à mieux comprendre la place du récit à l’école maternelle et à d’autres degrés d’enseignement, si l’on admet qu’il ne se limite pas à l’explication de faits objectifs, mais constitue le vecteur d’une véritable transmission culturelle où pensées et émotions ne sont guères séparables. La position de l’auteur est claire : il considère que d’emblée, le récit joue, pour l’enfant, un rôle constitutif dans la production de la réalité sociale. Dans la description du récit, il est très intéressant de constater que celui-ci est considéré comme un moyen de s’ouvrir au monde et non limité à une pensée conceptuelle. De plus, cette façon d’aborder le récit entraîne une certaine activité polémique qui se rapporte à des dimensions non langagières. Ainsi, cette conception du récit s’inscrit dans le prolongement des grandes orientations d’un programme axé sur le développement des compétences.

La présentation du récit faite par l’auteur sort du cadre restreint des habiletés langagières et souligne un discours qui fait référence à une réalité extralinguistique. Ainsi, l’expérience narrative, vue par l’auteur, donne un rôle actif à l’enfant en le mettant en relation avec un espace et non seulement avec un objet (texte).

En somme, l’auteur considère le récit comme une activité de second degré qui permet des transformations multidimensionnelles chez l’enfant de la maternelle. L’ouvrage donne également des pistes aux formateurs sur les façons de penser les problèmes que pose le récit. Ainsi, par le récit, l’enfant vit une expérience culturelle qui lui apporte une continuité de son expérience personnelle.