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Cet ouvrage collectif résulte en partie d’un colloque organisé dans le cadre de l’ACFAS sur la question du transfert des apprentissages. Il comprend dix chapitres précédés d’une courte introduction donnant un aperçu du contenu de chacun des chapitres, et suivis d’une brève conclusion qui s’efforce de dégager des liens entre les diverses approches privilégiées par les auteurs. La question du transfert y est abordée à divers points de vue, théorique et empirique, et selon des perspectives très différentes. En dépit d’une certaine disparité entre les textes, un effort a été fait pour introduire une logique dans la séquence de présentation des chapitres et effectuer des rapprochements.

Ainsi, les trois premiers chapitres abordent le transfert d’un point de vue théorique, apportant un éclairage intéressant sur les diverses perspectives (béhavioriste, cognitiviste, constructiviste, contextualiste) dans lesquelles il a été étudié (chapitres 1 et 2) et sur la manière de modéliser les processus cognitifs en jeu dans le transfert dans le contexte d’une approche cognitiviste (chapitre 3). Les trois suivants font état de recherches qui, bien que reposant sur différentes approches du transfert, ont été réalisées en milieu scolaire. Le chapitre de Aubé, David et La Chevrotière (chapitre 4) puise dans divers courants théoriques pour analyser en quoi Le Monde de Darwin, un dispositif de formation conçu pour favoriser le développement d’un esprit scientifique chez les élèves de la fin du primaire, présente plusieurs caractéristiques qui permettent de surmonter les principaux obstacles inhérents au transfert. Sous la plume de Presseau (chapitre 5) et de Brouillette et Presseau (chapitre 6), les chapitres prennent appui sur le modèle de la dynamique du transfert élaboré par Jacques Tardif, le premier pour étudier l’impact des interactions sociales sur les opérations cognitives en jeu dans un transfert de compétences, et le second, pour valider des actions pédagogiques fondées sur ce modèle. Au chapitre 7, Presseau et Martineau examinent, sous l’angle de leur préoccupation à l’égard du transfert, le discours et les pratiques d’enseignants intervenant auprès de jeunes adolescents en difficulté d’apprentissage, et au chapitre 10, les mêmes auteurs, auxquels se joint Jean-Marie Miron, explorent les liens hypothétiques entre la pratique réflexive, vue sous l’angle de l’articulation théorie/pratique, et le transfert des apprentissages. Des travaux sur le transfert, les chapitres 8 et 9 dégagent un certain nombre de propositions pédagogiques, soit pour mettre en place et tester des dispositifs de formation en milieu universitaire (chapitre 8), soit pour examiner le rôle médiateur de l’enseignant et les compétences requises pour soutenir le transfert.

Le transfert est un phénomène complexe qui a fait l’objet de plusieurs modélisations et donné lieu à diverses transpositions pédagogiques. Les premiers chapitres présentés dans cet ouvrage rendent bien compte de cette complexité, le troisième proposant un modèle très original du transfert, conçu comme un processus adaptatif permettant de surmonter de manière économique les limites du système de mémoire dans un contexte de résolution de problème. Ce modèle est d’ailleurs réinvesti de façon fort intéressante, au chapitre suivant, dans l’analyse du dispositif Le Monde de Darwin. Les chapitres suivants sont de niveau inégal, tant en ce qui a trait au contenu qu’à la qualité de l’écriture, certains adoptant une approche assez applicationniste du transfert, dont la portée pédagogique nous apparaît plus limitée. Par ailleurs, plusieurs chapitres étant rédigés par les mêmes auteurs, seuls ou en collaboration, la même conception du transfert est souvent mise de l’avant. On aurait souhaité que soient davantage mises en perspective diverses approches du transfert. Bien que les chapitres soient d’intérêt variable, l’ouvrage apporte néanmoins un certain nombre de clarifications pertinentes à propos du transfert et de ses implications éducatives, mettant en évidence comment la préoccupation à l’égard du transfert et la manière de l’envisager peuvent avoir un impact sur la conception d’environnements d’apprentissage, la mise en place de dispositifs de formation ou le choix de stratégies pédagogiques.