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La présente recherche soulève le problème de l’inclusion de l’éducation à la santé en milieu scolaire et plus particulièrement en éducation physique, ce qui constitue une réalité dans les écoles québécoises depuis la récente réforme des programmes de formation en enseignement préscolaire et primaire (MEQ, 2001). En effet, de nouvelles orientations ministérielles se traduisent par une modification du rôle de l’éducation physique en incluant dans ses objets l’enseignement d’une nouvelle compétence disciplinaire : Adopter un mode de vie sain et actif. C’est dans cette perspective que cette recherche examine les pratiques pédagogiques d’éducateurs physiques du primaire, afin de mieux comprendre l’inclusion de l’éducation à la santé en éducation physique. Cette inclusion est analysée sous les angles du pourquoi, du quoi et du comment du processus, c’est-à-dire, respectivement, les fondements sur lesquels il repose, les objets d’enseignement-apprentissage qui sont alors en cause et l’intervention pédagogique à laquelle il donne lieu.

La méthodologie relève de l’étude de cas multiples et elle combine plusieurs méthodes à l’intérieur d’une recherche qualitative/interprétative. Les données ont été recueillies pour constituer dix cas, chacun ciblant sur un enseignant du primaire en éducation physique. L’échantillon est composé de dix éducateurs physiques, six hommes et quatre femmes, âgés entre 24 et 51 ans. D’une part, un questionnaire autoadministré et l’observation de séances d’enseignement (n = 45) en éducation à la santé ont permis d’identifier et de décrire les pratiques pédagogiques des enseignants dans l’enseignement en éducation à la santé. D’autre part, des entrevues individuelles semi-dirigées ont permis d’identifier les motifs invoqués par chaque enseignant pour choisir ses pratiques pédagogiques.

Parmi les résultats, ressortent quatre conceptions prédominantes de l’enseignement en éducation à la santé. Ces conceptions constituent l’élément central dans le choix des pratiques pédagogiques réalisé par les éducateurs physiques. Parmi ces quatre conceptions, deux sont reliées aux savoir-faire, une aux savoir-faire et aux savoirs théoriques, alors que la dernière repose uniquement sur les savoirs théoriques d’éducation à la santé. En lien avec ces conceptions, les pratiques pédagogiques qui en émanent se trouvent en décalage avec la perspective d’inclusion de l’éducation à la santé dans le domaine des sciences de l’éducation. Cette perspective suppose une éducation à la santé médiatrice entre l’élève et son environnement afin d’accéder à une gestion appropriative de son état de santé et de bien-être, tandis que les pratiques pédagogiques identifiées ont tendance à se résumer à l’apprentissage de comportements favorables à la prévention des risques pour la santé. Elles correspondent ainsi à la tradition dominante de l’éducation à la santé issue des sciences de la santé. Nos résultats montrent donc les difficultés reliées à l’inclusion de l’éducation à la santé en éducation physique et questionnent la place réelle et concrète donnée à l’éducation à la santé en milieu scolaire.