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L’ouvrage s’intéresse à l’exercice de la profession de conseiller technopédagogique, d’ingénieur pédagogique ou de technologue de l’éducation, au travers de la présentation de 20 cas européens et canadiens. La diversité des termes utilisés pour désigner ce rôle professionnel montre bien qu’il demeure mal défini et peu connu. Les deux préfaces situent la profession et ses ancrages théoriques. L’introduction met en relief le rôle de ces professionnels, les formations qu’ils ont habituellement suivies, les titres d’emploi et les contextes divers dans lesquels ils oeuvrent.

Neuf cas européens et onze cas canadiens suivent. Chaque cas est raconté à partir de la perspective du conseiller technopédagogique. Sous le résumé du cas, les différents acteurs et le contexte de la formation sont présentés, pour en arriver à l’exposé d’une situation problème et à une description de la manière dont le conseiller technopédagogique y a fait face. Le tout est ponctué de dialogues résumant les échanges entre les acteurs et de réflexions à postériori sur des éléments jugés critiques dans le processus.

De manière générale, la formule est claire et efficace. Elle offre une très grande richesse dans la diversité des situations, contextes et problèmes dans lesquelles ces nouveaux intervenants sont appelés à intervenir. Les développements de plus en plus importants de toutes les formes de formation en ligne et de formation à distance massive open online course (MOOC), formations hybrides, tutoriels d’autoformation, visioconférence Web, etc.) nécessitent les interventions de ces professionnels. Les cas donnent une bonne idée des développements technopédagogiques en cours dans nos établissements, bien qu’il aurait été fort pertinent que ces développements aient été présentés et définis formellement en amont et que l’organisation des cas soit faite en conséquence. Le contexte des massive open online en est toutefois malheureusement absent.

Ces nombreux cas ont aussi le mérite de mettre en évidence la complexité de ce rôle souvent ingrat, jouant constamment sur des équilibres fragiles entre pédagogie, enseignement et technologie, entre accompagnement et prise en charge, entre enseignement et gestion. On se fait progressivement une bonne idée du travail d’un conseiller technopédagogique et les narrations mettent en évidence aussi les doutes et certains échecs du processus.

Si la centration sur le conseiller technopédagogique est originale, à certains moments, on a l’impression qu’elle occulte parfois le rôle d’autres acteurs. Les critères de sélection des cas auraient gagné à être explicités. Cependant, presque tous les cas présentent beaucoup de profondeur.

L’organisation proposée est géographique ; les cas européens sont d’abord présentés, suivis des cas canadiens. Une organisation selon le type de problème rencontré ou le contexte semblerait plus performante, même si un tableau en introduction permet au lecteur d’organiser sa lecture. Un effort de synthèse après la présentation des cas serait un complément appréciable. Toutefois, dans sa préface, Charlier propose une synthèse fort utile des compétences attendues de ces professionnels, qui ferait bien office de postface après la lecture des cas.

Bref, cet ouvrage intéressera tous ceux qui souhaitent en connaître davantage sur les rôles divers des conseillers technopédagogiques et sur les processus de conception pédagogique, dans le contexte des développements récents en matière de formation en ligne.