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L’apport des arts et des activités culturelles à l’éducation est largement reconnu mais, en dépit de cette légitimité, les pratiques artistiques et culturelles arrivent mal à s’implanter dans les classes. À ce titre, les actes du colloque tenu lors du Congrès de l’Acfas à l’Université de Montréal en mai 2000 ajustent les pendules. La première partie rassemble des textes sous le thème des arts à l’école. Marie-Thérèse Rémigy ouvre les débats en questionnant les concepts de culture et d’apprentissage et en donnant la mesure des enjeux ; Suzanne Lemerise présente les types de connaissance favorisés dans les programmes d’arts plastiques au Québec depuis 1876 ; Alain Savoie interroge l’aspect éthique de la création artistique en opposant les principes de l’humanisme au relativisme du postmodernisme ; Sonia Fournier rend compte des progrès réalisés sur le plan affectif, relationnel et scolaire par trois élèves hyperactifs du primaire à travers une intervention en arts plastiques ; Pierre Gosselin fait valoir la capacité des pratiques artistiques de développer une pensée conjuguant raison et sensibilité. Les textes de la deuxième partie, sous le thème des ressources culturelles et des lieux d’apprentissage hors classe, dressent un portrait de la situation, tout en poursuivant la revue des apports de la culture à l’éducation. Michel Allard expose la complémentarité des démarches d’appropriation propres au musée et à l’apprentissage scolaire  ; Jocelyne Dion, statistiques à l’appui, montre l’aggravation de la situation des bibliothèques scolaires au Québec ; Réal Dupont présente les objectifs et les types d’activités réalisées dans le cadre de la mesure « Accès aux ressources culturelles » du programme de soutien à l’école montréalaise depuis 1997 ; Bernard Schiele compare le mode de diffusion des connaissances institué par l’exposition scientifique avec celui, plus formel, de l’école. La troisième partie, sous le thème de l’école ouverte aux cultures, porte attention aux moyens d’optimaliser le recours aux activités culturelles. Claire Meunier s’attache aux conditions permettant aux TIC de contribuer de façon significative à l’apprentissage ; Louise Julien interroge les rapports des enseignants aux activités culturelles et décrit des actions menées auprès d’enseignants en formation initiale  ; Gérald Boutin examine des modèles de formation d’enseignants et retient le type réflexif et critique pour corriger les dérives de l’approche par compétence ; Caroline Guay, directrice d’une école pluriethnique, décrit différentes mesures d’intégration des nouveaux arrivants à la société québécoise ; Monique Richard rend compte de projets scolaires en arts plastiques inspirés de la culture populaire qui en visent l’appropriation par une réflexion critique dans une perspective de construction de l’identité.

Cet ouvrage souffre de ce qui en fait par ailleurs l’intérêt : la grande diversité des contributions. Cette diversité est sans doute en partie appelée par la polysémie du terme culture, quoique celui-ci prenne ici le plus souvent un sens normatif et en rapport avec les arts ou les pratiques culturelles, mais aussi par la multiplicité des points de vue adoptés et des formats méthodologiques rapportés, de même que par la place relative qu’occupe la question de la culture proprement dite, qui n’est qu’effleurée parfois. Toutefois, la mosaïque ainsi formée permet de rendre compte des multiples facettes de l’apport éducatif des arts et des activités culturelles et, en rapportant des actions concrètes, illustre la variété de contextes et des buts de ces pratiques. Et si, comme le remarque Lise Bissonnette dans la synthèse qui conclut l’ouvrage, cet ensemble de textes ne représente qu’« une mesure de l’énorme effort encore à consentir » (p. 227), il n’en indique pas moins le chemin vers un meilleur avenir.