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Ce livre de Jean-Daniel Rohart, préfacé par René Barbier, est constitué de deux essais sur l’école et l’action éducative aujourd’hui en France. Dans le premier essai, plus consistant, l’auteur fait état de sa pensée sur l’éducation et le métier d’enseignant. Il y décrit les difficultés que traverse actuellement le monde de l’enseignement ainsi que le désarroi des enseignants oeuvrant en milieu populaire. Plusieurs thèmes sont abordés : la crise de l’Institution scolaire, les rapports des enseignants avec les élèves, les directions d’établissement, les parents et l’administration scolaire, la formation initiale et continue des maîtres et l’éthique en éducation. Le deuxième essai est un collage de réflexions personnelles, allant d’un court paragraphe à quelques pages. Ces réflexions possèdent peu de liens entre elles, à part le fait qu’elles portent toutes sur l’école et l’enseignement.

Comme il le mentionne d’entrée de jeu, l’auteur est un praticien et non un chercheur. Son but, dans cet ouvrage, n’est pas d’analyser des phénomènes ni de recenser des écrits (bien qu’il ait beaucoup lu et qu’il émaille son texte de nombreuses références), mais de faire part de son vécu et de son expérience comme enseignant de lycée. Même si l’auteur est influencé par les courants psychanalytique et humaniste, son propos est avant tout constitué d’impressions personnelles et d’anecdotes. Celles-ci ont cependant le mérite d’être formulées par quelqu’un qui voit le système scolaire de l’intérieur, ce qui est une qualité de ce livre. Cela dit, le monde scolaire y est dépeint très sombrement : les élèves sont démotivés et indisciplinés, les profs sont désabusés et souffrent de détresse psychologique, la population et l’État entretiennent des attentes démesurées à l’endroit des enseignants, sans leur octroyer beaucoup de soutien, les administrateurs scolaires sont impuissants, voire incompétents, les universitaires sont des donneurs de leçons qui craignent pour la plupart d’aller au feu… Sans procéder à une analyse réelle des causes de ces problèmes, l’auteur y voit la conséquence d’une crise de l’autorité due à la dévalorisation de l’image du père et à la féminisation du corps enseignant (p. 57). À la longue, l’insistance et le parti pris de l’auteur dépriment. N’y a-t-il donc rien de positif dans le milieu scolaire et le métier de prof ? Qui plus est, son livre propose peu de pistes de solutions, et celles qu’il offre sont insuffisamment développées pour indiquer une réelle direction à suivre et redonner espoir. On a donc l’impression que l’auteur se livre à un exercice de défoulement personnel et que son intention d’écriture consiste à procéder à sa propre catharsis. En conclusion, cet ouvrage plaira peut-être à ceux qui sont intéressés par le vécu professionnel d’un enseignant oeuvrant en milieu populaire, mais même eux seront déçus du peu de réconfort et d’idées nouvelles qu’ils pourront y trouver.