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Introduction[Notice]

  • Manuel Crespo et
  • Marie-Françoise Fave-Bonnet

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  • Manuel Crespo
    Professeur
    Université de Montréal

  • Marie-Françoise Fave-Bonnet
    Professeure
    Université Paris X Nanterre

Lorsqu’on analyse les écrits sur l’enseignement supérieur des trente dernières années, il est aisé de constater que la problématique du changement occupe une place privilégiée. Après l’explosion des inscriptions à la fin des années 1960 dans tous les pays développés, qui demandait une croissance accélérée des dispositifs de tous ordres (infrastructure, personnel enseignant et administratif, offre de formation), c’est autour de la « gestion de la décroissance » que s’élabore une importante production, en particulier au Canada, surtout de type professionnel (comment effectuer la décroissance et comment minimiser ses effets), mais aussi de type plus théorique à partir de la perspective systémique de la sociologie des organisations. La période d’accalmie des réductions budgétaires, du milieu des années 1980 jusqu’au début des années 1990, aura permis l’éclosion, en particulier au Canada, d’une réflexion sur le type de formation à privilégier au premier cycle et sur les changements qu’on devrait envisager. Avec le début des années 1990 survient une nouvelle crise des finances publiques qui accentue le processus de retrait de l’État du financement traditionnel de l’université. Toutefois, dès le milieu des années 1990, on assiste à un réinvestissement progressif dans l’enseignement supérieur. En Amérique du Nord, ce sont d’abord les États américains qui engagent les changements, suivis par les provinces canadiennes. En Europe, les restrictions budgétaires ont été plus tardives et elles se sont concrétisées d’abord par défaut : une augmentation budgétaire qui ne suivait pas le rythme de croissance des étudiants. Ensuite, les rationalisations budgétaires sont devenues monnaie courante dans l’ensemble des systèmes européens d’enseignement supérieur. Par ailleurs, on a assisté, de chaque côté de l’Atlantique, à une généralisation des contrôles a posteriori par l’État et à une contractualisation croissante avec l’obligation de rendre compte. Cette période, qui s’étend jusqu’à l’époque actuelle, est dominée, outre le resserrement des finances publiques, par des changements dans les systèmes d’enseignement supérieur, notamment en ce qui a trait à la technologisation de l’université, aux rapports avec l’environnement social et économique, au rôle de l’État, à la gouvernance des institutions, à l’évaluation, et au renouvellement des missions du corps professoral. Sur ce fond de « changement » et de son analyse au cours des trente dernières années, ce n’est que vers la fin des années 1990 que l’on commence à utiliser, de manière plus soutenue, le terme « transformation » pour rendre compte des changements qui surviennent dans l’enseignement supérieur et plus particulièrement dans l’université. On pourrait citer de nombreuses études sur ce sujet, mais il y en a une qui sert actuellement de référence. Il s’agit de celle de Clark (1998), Creating entrepreneurial universities : Organizational pathways of transformation (voir aussi Clark, 2003). Dans cette étude, Clark décrit cinq chemins de transformation à travers lesquels les universités publiques assument un rôle hautement proactif. Ce numéro thématique s’inscrit dans cette ligne d’analyse. À partir d’un découpage et d’un choix des thèmes et des secteurs à traiter, il s’attaque à la problématique de la transformation avec des perspectives diversifiées : philosophique, historique, organisationnelle, administrative et politique. Le terme « pluriel » choisi pour le titre, « Les transformations de l’université : regards pluriels », a pour objectif d’insister sur la diversité des thématiques, mais aussi sur la diversité des perspectives. Une première série de « regards pluriels » sur les transformations de l’université ont été initiés lors d’un colloque de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences, tenu à l’Université de Montréal en mai 2000 . D’autres auteurs ont été ensuite sollicités afin de couvrir, autant que faire se peut, les différents aspects des transformations vécues récemment par les universités. Avant d’aller plus loin, nous aimerions remercier …

Parties annexes