Corps de l’article

L’évaluation de programme a la cote dans un contexte où un nombre croissant d’observateurs politiques et de citoyens se lèvent pour demander davantage de transparence et d’imputabilité de la part des décideurs. En font foi, de nombreux ouvrages francophones qui traitent de ce sujet, ces dernières années. Si ces livres se présentent généralement comme des introductions, le collectif dirigé par Hurteau, Houle et Guillemette (2012) propose plutôt d’étudier l’évaluation sous l’angle du jugement crédible. Et le résultat est convaincant : le style clair et concis de l’ouvrage a tout le potentiel pour retenir l’attention du néophyte et intéresser l’expert.

L’évaluation de programme axée sur le jugement crédible est divisé en deux grandes parties. Dans un premier temps, les fondements de l’évaluation sont discutés au sein des trois premiers chapitres. Si le chapitre de Fitzpatrick est une introduction relativement classique sur le sujet, les chapitres deux et trois traitent plus spécifiquement du thème du jugement crédible. En ce sens, ils se présentent un peu comme la véritable introduction. Dans un deuxième temps, les chapitres quatre à neuf développent de façon plus détaillée le thème de la crédibilisation du jugement. Ainsi, un modèle de processus de production et de crédibilisation du jugement est développé au chapitre quatre. Le chapitre cinq concerne les contextes et contingences de l’évaluation, alors que le chapitre six porte sur les critères de sélection des parties prenantes. Le chapitre sept porte sur les critères et seuils de réussite dans le cadre d’une évaluation collaborative alors que le chapitre huit traite des compétences des évaluateurs. Enfin, le chapitre neuf constitue une synthèse des contributions.

À n’en pas douter, l’ouvrage de Hurteau, Houle et Guillemette (2012) est pertinent. Selon nous, deux raisons peuvent expliquer cela. Premièrement, le contenu couvre un champ théorique relativement peu exploité en évaluation. Deuxièmement, le collectif peut être considéré comme une référence de qualité pour accompagner un cours intermédiaire ou avancé. Par contre, nous croyons que le contenu de l’ouvrage n’est pas suffisant pour assurer, à lui seul, le contenu théorique d’un cours d’introduction. Si le chapitre de Fitzpatrick présente un excellent survol sur le sujet, il reste que d’autres ouvrages, tels que celui de Riddle et Dagenais (2012), sont plus complets. Une deuxième critique à soulever est le caractère restrictif du livre. Son nombre limité de pages nous laisse croire que plusieurs thèmes pertinents ont volontairement été mis de côté.

Reste la question que tout le monde se pose : Avait-on besoin de l’ouvrage collectif de Hurteau, Houle et Guillemette (2012) ? Absolument ! Son contenu est fort pertinent pour les évaluateurs, chercheurs, étudiants, enseignants et professeurs provenant de champs disciplinaires variés. Nous osons même espérer que tous les chercheurs en éducation prendront le temps de l’ajouter à leur bibliothèque. Bien évaluer n’est-il pas au centre de nos préoccupations ?