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Cet ouvrage collectif prolonge un symposium sur la formation, le travail et la professionnalisation qui s’est déroulé lors du 5e congrès de l’Association des enseignants et chercheurs en sciences de l’éducation (AECSE), en septembre 2004. Ce livre fait partie de la collection « Action et Savoir », qui s’adresse particulièrement aux professionnels et aux chercheurs intéressés par la théorisation de l’action dans différents champs de pratiques. Dans celui-ci, le lecteur est invité à explorer la thématique des dispositifs de professionnalisation qui relèvent principalement de l’enseignement, de la formation et de la médecine.

Dès l’introduction, Wittorski fait reposer l’ensemble de la réflexion sur le constat suivant : la professionnalisation relève avant tout d’une intention sociale. On souhaite que les individus évoluent au même rythme que le travail, on désire augmenter l’efficacité de la formation. Par conséquent, le chercheur doit adopter une posture critique quant aux enjeux sociaux qu’impliquent les recherches traitant de la professionnalisation. L’auteur situe clairement les conceptions et débats théoriques sur lesquels s’articulent les différentes études présentées dans l’ouvrage, ce qui aide le lecteur à circonscrire le contexte qui anime ces chercheurs.

De nombreuses questions sont soulevées, auxquelles les auteurs apportent quelques éléments de réponse : Quels sont les effets produits par les dispositifs qui visent la professionnalisation ? Quels sont les savoirs en jeu dans ces dispositifs ? À quel point la professionnalisation est-elle chargée de l’idéologie des projets institutionnels ?

Le livre se divise en quatre parties, traitées par différents chercheurs. La première partie présente une analyse de certains dispositifs dans le domaine de l’enseignement, ayant comme sujets des enseignants, des formateurs et des stagiaires. On y présente un tableau particulièrement éclairant, qui met en parallèle trois types de dispositifs et qui permet de discerner rapidement certaines configurations de professionnalisation sur l’analyse des pratiques. Dans la deuxième partie, on analyse certains dispositifs de reconfiguration de l’action de groupes de pairs en médecine générale et leur incidence sur la pratique, ainsi qu’une analyse de rapports de stage de professeurs des écoles stagiaires.

La troisième partie brise un rythme soutenu de descriptions de dispositifs en présentant quelques questions débattues en deux thèmes. En premier lieu, on répond à la question : Qu’est-ce qu’une action efficace pour un enseignant ? Ensuite, on fait la distinction entre adaptabilité et efficacité (le mécanisme et le but) et on énonce les raisons des difficultés à définir clairement le concept d’efficacité. En deuxième lieu, on dégage certains enjeux liés à la professionnalisation du formateur d’enseignants en distinguant deux approches, deux modèles (interactionniste et fonctionnaliste).

Dans la quatrième partie, Tavignot reconstruit enfin le lien qui s’était rompu lors de la troisième partie, dans un langage fluide, et amène le lecteur à redéfinir les contours de la professionnalisation à travers tous les aspects qui ont été abordés. Cette dernière partie amène à une conclusion bien campée de Wittorski, relançant le lecteur vers de nouvelles pistes de réflexion.

Dans l’ensemble, l’ouvrage est dense : le lecteur doit en faire une lecture très attentive pour comprendre la terminologie introduite, ce qui rend parfois difficile le dégagement des idées principales. On y retrouve un répertoire varié de dispositifs de formation, intéressants à connaître. Les méthodes utilisées sont expliquées avec suffisamment de précision pour inspirer le professionnel et le chercheur. Cet ouvrage constitue une référence utile pour circonscrire des concepts de base tels que profession et professionnalisation.