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Un manuel à l’usage des écoles ; pour aider, non pas les élèves, plutôt les enseignants, mais aussi le personnel politique et administratif de l’éducation. L’aboutissement d’un projet, sous l’égide du Conseil de l’Europe, sur le défi de l’éducation interculturelle aujourd’hui : diversité religieuse et dialogue (2002-2005). L’éducation interculturelle ne peut plus ignorer la place et le rôle des religions dans la construction et, surtout peut-être, dans la défense des identités. Dans les sociétés démocratiques de l’Europe comme des pays nord-américains, une pluralité en quelque sorte nouvelle, parce qu’étrangère à l’héritage gréco-romano-occidental, oblige à prendre acte, dans la rencontre parfois difficile des cultures, des référents constitutifs d’ordre implicitement ou explicitement religieux. Pour éviter les affrontements, on fait appel au dialogue. Pour préparer au vivre-ensemble dans ces sociétés, l’école doit dispenser les connaissances requises et aider au développement d’attitudes de respect et de reconnaissance des cultures autres ou de l’altérité pour que le dialogue, la discussion et le débat démocratique soient encore possibles. Le recueil contient deux riches contributions de Micheline Milot, professeure de sociologie à l’Université du Québec à Montréal : l’une, de caractère plus théorique, reprend en une dizaine de pages ce que l’auteure a proposé déjà, de façon plus élaborée, ailleurs, sur les rapports entre laïcité et religion dans l’espace public des sociétés démocratiques et plus spécifiquement à l’école, notamment sur les exigences de tolérance, de capacité critique face à ses propres convictions comme face à celles des autres, et de réciprocité ; l’autre, plus pratique, montre comment la pédagogie de la coopération peut aider à développer ouverture à l’autre et sens critique dans les alliances de la collaboration ou de l’action solidaire. À signaler aussi, deux contributions de Robert Jackson : la première propose des définitions claires et cohérentes de concepts clés — pluralité et pluralisme, culture(s), race et racisme — ; la seconde, qui constitue son pendant pédagogique, présente l’approche interprétative comme aidant à entrer dans la reconnaissance de l’autre et dans l’intelligence de ses convictions. L’intérêt du manuel tient aussi aux treize exemples de pratiques récentes, en divers pays, qui ouvrent autant de voies d’action, et dont la présentation est de nature à susciter une nécessaire créativité pour tenir compte de la diversité des situations. Après la bibliographie, une liste sobrement commentée de manuels et autres ressources pédagogiques est proposée. En somme, pas une grande oeuvre, mais des orientations, une incitation à réfléchir et à agir de façon plus pertinente, et quelques outils.